Lors de la plénière du 6 novembre 2025 consacrée à l’examen du budget 2026, l’intervention du député Imed Ouled Jebril avait suscité un vif débat. Le député avait affirmé que la célèbre formule de René Descartes, « Je pense donc je suis », était « fausse », lui préférant une version révisée : « Je fais donc je suis. » La séquence, largement relayée et commentée, avait alimenté critiques, ironies et détournements, notamment sur les réseaux sociaux. Le philosophe en herbe n’avait plus qu’à s’incliner.
Mais Imed Ouled Jebril n’en a pas fini avec la métaphysique politique. Vendredi 7 novembre, le député est revenu sur le sujet dans un nouveau post où il propose une formulation élargie : « Je pense, j’agis, donc je suis. » Selon lui, la pensée ne suffit pas à prouver l’existence, qui ne prend sens qu’à travers l’action concrète. Cette idée avait été, à l’origine, mobilisée pour dénoncer ce qu’il considère comme « l’inaction » du gouvernement.
Pour donner plus de poids à sa philosophie, le député accompagne son statut d’une photo où on le voit assis dans une vaste bibliothèque, entouré de centaines de livres. Une photo créée par intelligence artificielle afin de se donner plus de contenance intellectuelle.

Face aux réactions, souvent moqueuses et quelques fois franchement sarcastiques, la polémique a continué de grossir. Et c’est finalement ce samedi 8 novembre 2025 qu’Imed Ouled Jebril a décidé d’y répondre à travers une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux.
Dans cette prise de parole, il assure que le débat ne le dérange nullement : au contraire, il estime que l’ampleur de la discussion prouve que sa réflexion a « eu un impact » au niveau de « l’idée » et de « la vision ». Il affirme avoir été contacté par « des universitaires et des chercheurs » avec lesquels il dit avoir échangé « de manière académique ».
« Aucune erreur de raisonnement »
Le député rejette l’interprétation selon laquelle il aurait commis une « erreur » de raisonnement. Il explique que le terme a été utilisé « comme métaphore » pour dénoncer un gouvernement qui, selon lui, « pense beaucoup mais n’agit pas ». Il insiste : « En politique, l’existence se mesure aux résultats. »
Il ajoute que son intervention relevait du débat politique, non d’un exposé universitaire, et que l’usage de l’image, de la métaphore ou de la simplification fait partie de cet espace. Pour donner un peu de relief à sa posture, il invoque même Hegel sur le rapport entre le tout et la partie, ainsi que le concept de « ta‘dhiya », c’est-à-dire « isoler une idée de son contexte » pour en proposer une nouvelle lecture.
Quant aux moqueries, il dit ne pas s’en formaliser : « Que les gens en rient, qu’ils se moquent, cela ne me pose aucun problème. L’essentiel est que le débat s’est fait autour d’une idée. »
Reste cependant la question que beaucoup se posent, avec un brin de réalisme : si, comme l’affirme le député, « l’existence se prouve par l’action », où sont donc ces fameux résultats politiques concrets qui devraient mesurer cette existence ? Mais là, le mystère reste entier.
M.B.Z











