Le président de la Chambre nationale des bouchers, Ahmed Laâmiri, a dressé un constat alarmant sur la situation du secteur des viandes rouges en Tunisie, marqué par la flambée des prix, la rareté de la production locale et l’absence de solutions concrètes de la part des autorités.
Invité de Diwan FM, dimanche 9 novembre 2025, il a dénoncé l’inaction du gouvernement face aux difficultés structurelles que traverse la filière, notamment le manque d’écoute, le poids de la contrebande et la désorganisation du marché.
« Cela fait des années que nous alertons sur les effets du trafic transfrontalier et sur la baisse de la production locale. Personne ne nous écoute, et rien n’est appliqué sur le terrain », a-t-il déclaré.
Selon lui, les coûts de production sont devenus « insupportables » pour les éleveurs : « Un veau destiné à l’engraissement coûte aujourd’hui plus de 11 millions de dinars à l’importation. À ce prix-là, le producteur ne peut plus suivre, et le consommateur non plus ».
Le président de la Chambre a ajouté que l’absence d’approvisionnement régulier en viande importée a également contribué à l’envolée des prix. Les importations de viande réfrigérée, notamment en provenance de France, sont suspendues depuis plus d’un mois et demi, ce qui a accentué la tension sur le marché.
« Quand le marché n’est pas régulé, les prix explosent. Nous n’avons pas d’autre choix que d’acheter cher et de vendre cher. Mais le citoyen tunisien ne peut plus supporter ces prix », a-t-il averti.
Face à cette situation, Ahmed Laâmiri plaide pour l’ouverture du marché tunisien à la viande brésilienne, qu’il juge de qualité et surtout plus abordable : « Le Brésil est l’un des plus grands producteurs mondiaux de viande rouge. Ses prix sont adaptés au pouvoir d’achat du Tunisien. On pourrait proposer une viande de bonne qualité à 32 dinars le kilo, au lieu de 40 ou plus actuellement ».
Il souligne que plusieurs pays arabes – comme l’Arabie saoudite, les Émirats ou l’Irak – importent déjà régulièrement du bœuf brésilien, et que la Tunisie gagnerait à suivre cet exemple.
Mais au-delà de l’urgence conjoncturelle, le responsable estime que la priorité doit être donnée à la relance du cheptel national.
« Nous devons réinvestir dans notre propre élevage. Nous avons perdu une grande partie de notre cheptel à cause du manque d’aliments, de maladies et de la contrebande. Il faut un plan national pour reconstituer la filière », a-t-il expliqué.
Il a reproché aux autorités et aux structures professionnelles l’absence de coordination réelle entre les acteurs : « Depuis 2018, nous n’avons pas tenu une seule réunion de concertation avec le ministère de l’Agriculture. Nous avons envoyé des propositions, des rapports, mais rien ne bouge ».
Ahmed Laâmiri a profité de l’antenne pour lancer un appel au président de la République et au ministre de l’Agriculture : « Il faut un plan de relance national du secteur, sinon nous continuerons à dépendre des importations et à gaspiller des devises. Le pays a besoin d’une stratégie durable, pas de solutions ponctuelles ».
Alors que le mois de Ramadan approche, il s’inquiète également du manque de préparation : « Nous n’avons reçu aucune information sur les stocks disponibles ni sur les quantités prévues pour le mois de Ramadan. Nous avons alerté les autorités depuis plus d’un mois, sans aucune réponse ».
Le président de la Chambre a conclu en exprimant la solidarité du secteur avec les consommateurs : « Nous ne voulons pas de flambée des prix. Nous sommes aux côtés du citoyen tunisien. Donnez-nous les moyens de produire et de vendre à des prix raisonnables ».
Il a enfin appelé à une meilleure concertation entre les ministères, les chambres professionnelles et l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), afin d’élaborer une stratégie claire de sauvetage du secteur des viandes rouges.
S.H











Commentaire
Citoyen_H
S’AGIRAIT-IL D’UNE NAVETTE SPATIALE ??????
« Un veau destiné à l’engraissement coûte aujourd’hui plus de 11 MILLIONS DE DINARS à l’importation. »