La fin d’un « cauchemar » : la cour d’appel de Paris a ordonné, lundi 10 novembre 2025, la remise en liberté de l’ex-président Nicolas Sarkozy, incarcéré depuis vingt jours après sa condamnation dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle.
Lors de l’examen de sa requête dans la matinée, le parquet général avait requis la sortie de prison sous contrôle judiciaire de l’ex-chef de l’État, qui comparaissait en visioconférence depuis la prison de la Santé. La cour lui a imposé une « interdiction de contact » élargie, notamment avec le garde des Sceaux Gérald Darmanin, ainsi qu’une interdiction de sortie du territoire national.
Nicolas Sarkozy devrait sortir de prison dans la journée et assistera libre à son procès en appel, qui devrait commencer en mars.
La cour d’appel de Paris a examiné sa demande de mise en liberté lors d’une audience publique d’une cinquantaine de minutes.
La prison, « c’est dur, c’est très dur, ça l’est certainement pour tout détenu, je dirais même que c’est éreintant », a témoigné Nicolas Sarkozy, qui a suivi, le visage fermé, les débats en visioconférence, offrant par écran interposé la première image de l’histoire d’un ancien président de la République en prison.
« Je veux rendre hommage au personnel pénitentiaire qui a été d’une humanité exceptionnelle et qui a rendu ce cauchemar, parce que c’est un cauchemar, supportable », a-t-il poursuivi, vêtu d’une veste bleu foncé, d’un pull et d’une chemise.
« Je me bats pour que la vérité triomphe », a encore dit l’ancien président, 70 ans, qui a fait appel de sa condamnation à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs, prononcée le 25 septembre.
Sous les yeux de son épouse Carla Bruni et de deux de ses fils, Pierre et Jean, l’avocat général Damien Brunet a demandé que « soit fait droit à la demande de Nicolas Sarkozy » de le libérer sous contrôle judiciaire avec interdiction d’entrer en contact avec les témoins et co-prévenus.
« Il est constant que M. Sarkozy présente des garanties de représentation indéniables, tant ses attaches familiales sur le territoire et ses intérêts patrimoniaux sont connus de votre cour », a-t-il observé. « Ces garanties de représentation en justice sont rarement réunies à un tel niveau devant votre cour ».
Nicolas Sarkozy a été incarcéré un peu moins d’un mois après sa condamnation. Cette détention inédite pour un ex-président de la République a suscité de vifs débats. Il s’agit aussi d’une première dans l’Union européenne, où aucun ancien chef d’État n’avait connu l’emprisonnement.
À l’instar de Xavier Bertrand, président LR des Hauts-de-France, plusieurs responsables de droite ont dit souhaiter que leur ancien champion sorte de prison.
« Unique moyen »
Le tribunal correctionnel de Paris l’a reconnu coupable d’avoir sciemment laissé ses collaborateurs démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi pour solliciter un financement occulte de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007.
Plus que la condamnation, c’est le mandat de dépôt l’envoyant en prison, non susceptible de recours, qui avait provoqué la stupeur. Pour les juges, il est justifié par la « gravité exceptionnelle » des faits. Pour Nicolas Sarkozy, il a été motivé par « la haine ».
Pour décider de sa libération, les magistrats de la cour d’appel ne se sont cependant pas appuyés sur les mêmes critères que ceux du mandat de dépôt. L’appel de Nicolas Sarkozy remplace son incarcération par les critères de la détention provisoire, qui diffèrent de ceux de l’exécution de peine.
Le maintien en détention n’était possible que s’il était l’« unique moyen » de protéger des preuves, d’empêcher pressions ou concertations, de prévenir la fuite ou la récidive, ou de le protéger.
La détention, « une menace » pour Sarkozy
Jean-Michel Darrois, un des avocats de l’ex-président, a assuré à la cour qu’il devait être « exclu » de son esprit l’idée qu’il pouvait y « avoir réitération de l’infraction » ou qu’il pouvait « y avoir pression sur les témoins ».
« C’est la détention qui constitue une menace pour Nicolas Sarkozy, pas le contraire », a souligné de son côté Me Christophe Ingrain, un autre de ses avocats, observant qu’il avait été pour des raisons de sécurité « placé à l’isolement » et qu’il avait ultérieurement bénéficié de la protection de deux agents en détention.
Parmi les condamnés qui ont été écroués après le jugement du 25 septembre, la cour d’appel a déjà remis en liberté sous contrôle judiciaire l’ex-banquier Wahib Nacer, 81 ans, mais a maintenu en détention l’intermédiaire Alexandre Djouhri en raison du risque de fuite et de pressions sur les protagonistes de l’affaire.
Dans leur cas, le parquet général avait requis le maintien en détention.
Les dates précises du procès en appel, qui n’ont pas encore été officiellement annoncées, devraient être communiquées aux avocats jeudi, ont indiqué à l’AFP des sources proches du dossier.
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