La pénurie de beurre constatée ces derniers jours dans plusieurs points de vente n’est pas un phénomène isolé. Selon le président du Syndicat tunisien des agriculteurs, Dhaoui Midani, elle est directement liée à la chute de la production nationale de lait, une crise qui dure « depuis trois ou quatre ans ».
Lors de son intervention, mardi 11 novembre 2025, sur Mosaïque FM, Dhaoui Midani a expliqué que le beurre, à la différence d’autres produits laitiers, ne peut être fabriqué qu’à partir de lait cru. « Certains dérivés présents actuellement sur le marché sont faits à base de lait en poudre importé. Mais on ne peut pas produire de beurre avec du lait en poudre, uniquement avec du lait frais », a-t-il souligné.
Ainsi, l’absence de beurre dans les rayons est un indicateur direct de la baisse du cheptel laitier.
Selon lui, la crise trouve son origine dans un déséquilibre économique structurel : « Le producteur est payé 1,340 dinar pour un litre de lait, alors que le coût réel de production dépasse 1,900 dinar. C’est impossible à supporter. L’éleveur perd de l’argent à chaque litre vendu ».
Face à cette situation, de nombreux éleveurs ont été contraints de vendre une partie de leur cheptel, entraînant une baisse durable de la capacité de production nationale. « Ce n’est pas irréversible, nous avons déjà réussi à reconstruire le cheptel par le passé, mais cela nécessite une décision stratégique de l’État », a-t-il rappelé.
Le président du Syndicat des agriculteurs a également mis en garde contre une aggravation de la pénurie si aucune mesure n’est prise : « Si la production continue de diminuer, la pénurie touchera non seulement le beurre, mais aussi le lait et d’autres dérivés. Ce que nous voyons aujourd’hui est un signal d’alerte clair ».
S’agissant du différend autour du prix du lait, il rappelle que l’enjeu dépasse le consommateur final : « La subvention bénéficie à tout le monde : touristes, grandes entreprises, catégories aisées. Ce n’est pas au producteur de porter la charge sociale du pays. La solution doit venir de l’État ».
Dhaoui Midani assure que le syndicat a déjà soumis plusieurs propositions aux autorités, mais appelle désormais à une prise de décision rapide, avant que la filière ne subisse des dommages durables.
M.B.Z











Commentaire
Karim
D’habitude la pénurie du lait demi écrémé révèle un secteur en détresse …
Cette année la beurre disparaît mais le lait est toujours là
Je pense que c’est un changement notable dans les priorités de l’industrie laitière