Le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) a dénoncé, mercredi 13 novembre 2025, ce qu’il qualifie de « décision extrajudiciaire et politique » visant à empêcher l’ancien ministre et homme d’affaires Mehdi Ben Gharbia de recouvrer sa liberté.
Le communiqué de l’organisation relève que l’ancien ministre est entré, le 10 novembre 2025, dans une grève de la faim « sauvage » pour protester contre le nouveau mandat de dépôt émis subitement (au mois de mai 2025) dans une affaire de meurtre (l’affaire Rahma), alors qu’il s’apprêtait à sortir de prison après avoir purgé sa peine de quatre ans de prison ferme.
Un nouveau mandat de dépôt “brutal” et “sans fondement”
Le CRLDHT affirme que le mandat de dépôt a été délivré par le juge d’instruction du deuxième bureau du tribunal de première instance de Tunis, sous prétexte de l’exécution d’une décision de la chambre d’accusation datée du 15 mai 2025.
Cette décision a ordonné la détention de 31 personnes, « pour la plupart non nommées ni identifiées, simplement désignées comme titulaires de lignes téléphoniques », certaines étant même décédées, selon le communiqué.
L’organisation rappelle que l’auteur du meurtre concerné a été arrêté et a reconnu les faits, estimant qu’« aucune base logique ne permet de supposer l’existence de complices ». Malgré cela, seuls Mehdi Ben Gharbia et deux autres suspects ont fait l’objet d’un mandat de dépôt.
Le CRLDHT évoque un « timing plus que douteux », notant que la décision émane d’un magistrat nommé par simple note de service de la ministre de la Justice, quelques jours seulement avant l’émission du mandat, et alors que le dossier était déjà devant la Cour de cassation.
Une “violation manifeste” des droits de la défense
L’organisation dénonce une procédure marquée par de multiples irrégularités : absence d’audition préalable, absence de notification des charges, et non-respect du droit à un procès équitable.
Elle y voit la preuve d’une « instrumentalisation politique de la justice », devenue, selon le CRLDHT, un outil pour maintenir certaines figures politiques sous pression et les empêcher de recouvrer leur liberté.
« Ce mandat de dépôt, délivré sans audition ni notification, constitue une violation manifeste des normes internes et internationales », affirme encore le comité, ajoutant que cette affaire illustre la dérive autoritaire et l’érosion des garanties constitutionnelles en Tunisie.
Appel à la résistance civile pacifique
Le CRLDHT exprime sa « pleine solidarité » avec Mehdi Ben Gharbia et avec l’ensemble des détenus en grève de la faim, tout en les invitant à suspendre leurs mouvements afin de préserver leur vie.
L’organisation appelle enfin la société civile et le peuple tunisien à « engager toutes les formes de résistance civile et pacifique » pour relancer la transition démocratique et mettre fin à « l’anarchie et l’arbitraire » qui, selon elle, caractérisent désormais la gestion du pays.
M.B.Z











