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Abir Moussi encourt la peine de mort : le procès reporté au 5 décembre

Par Sarra Hlaoui

La 4e chambre pénale a décidé, vendredi 14 novembre 2025, de reporter au 5 décembre l’examen de l’affaire visant l’avocate et présidente du Parti destourien libre, Abir Moussi, afin de permettre la tenue des plaidoiries.

Dans une réaction publiée sur les réseaux sociaux, l’avocat Nafaâ Laribi a fermement démenti les rumeurs faisant état d’une éventuelle hospitalisation de sa consœur dans un état critique.
Il a qualifié ces informations de « totalement infondées », appelant à mettre fin aux spéculations autour de sa situation.
« Craignez Dieu ! Abir Moussi a une famille et des partisans. Ces rumeurs sont inacceptables », a-t-il écrit.

Un flou juridique persistant autour du statut de Moussi

Le 24 octobre, Abir Moussi a comparu devant la quatrième chambre criminelle du tribunal de Tunis dans l’affaire dite du « Bureau d’ordre ». N’ayant aucun avocat officiellement mandaté, elle a assuré elle-même sa défense et demandé à la cour de clarifier sa situation juridique, interrogeant si elle était légalement détenue ou en liberté. Le tribunal a mis cette question en délibéré et reporté l’examen du dossier au 14 novembre, sans en informer son avocat, Me Nafaâ Laribi, laissant planer un flou sur le statut légal de la prévenue.

Me Laribi avait dénoncé des entraves à ses droits, notamment son interdiction d’accéder au tribunal et l’impossibilité de consulter le procès-verbal, qualifiant ces faits de « violation » et d’« attitude contraire à l’éthique judiciaire ». Il avait souligné qu’aucune demande de libération n’a été déposée par Moussi, qui réclame uniquement une reconnaissance claire de sa situation juridique. Pour l’avocat, ce flou sur un point fondamental fragilise le droit à un procès équitable et témoigne d’un dysfonctionnement inquiétant du système judiciaire.

Une affaire où la peine capitale est en jeu

Rappelons qu’il s’agit de l’affaire dite du « Bureau d’ordre », dans laquelle Abir Moussi encourt la peine capitale. En effet, la présidente du PDL est poursuivie sur la base de l’article 72 du Code pénal, qui prévoit la peine de mort pour des faits tels que la tentative de changer la forme de gouvernement, l’incitation à la violence ou l’atteinte à l’ordre de l’État.
Abir Moussi a été arrêtée le 3 octobre 2023, après avoir tenté de déposer un recours contre des décrets présidentiels relatifs aux élections locales. Empêchée de le faire, elle avait manifesté devant le bureau d’ordre de la présidence de la République et diffusé la scène en direct sur Facebook.

Solidarité

Un rassemblement de soutien à Abir Moussi s’est tenu ce matin devant le palais de justice, à l’occasion de l’audience consacrée à son affaire. Plusieurs dizaines de personnes ont répondu présentes, parmi lesquelles des sympathisants du Parti Destourien Libre (PDL), mais aussi des militants du mouvement Hak et du parti Al Joumhouri, venus exprimer leur solidarité.

Bassem Trifi, président de la LTDH (à gauche), Nafaa Laribi, avocat d’Abir Moussi (au centre), Mongi Souab (à droite)

La mobilisation a également réuni des figures politiques et associatives de premier plan : Ahmed Nejib Chebbi, président du Front du Salut ; Bassem Trifi, président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme ; ainsi que le militant Ezzeddine Hazgui, père de Jaouhar Ben Mbarek. Mongi Souab, frère du magistrat emprisonné Ahmed Souab, était également présent pour dénoncer ce qu’il considère comme un climat général de répression.

Ahmed Nejib Chebbi

Ezzddine Hazgui

S.H

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Commentaire

  1. HatemC

    14 novembre 2025 | 19h37


    Dans cette affaire, l’indécence est totale : on brandit la peine de mort contre une opposante, alors que ceux qui piétinent la Constitution, confisquent les institutions, gouvernent par caprice et neutralisent leurs adversaires à coups de procès fabriqués, échappent à toute responsabilité.
    Le véritable danger pour l’État n’est pas celle qui dépose un recours, mais celui qui transforme la loi en machette politique.

    Quand le régime utilise l’article 72( L’article 72 : l’arme favorite des régimes qui ne veulent plus de contre-pouvoirs) pour faire taire, c’est lui — et lui seul — qui “change la forme de gouvernement”.
    La peine capitale ne protège pas la République : elle couvre la dérive d’un pouvoir qui n’assume plus sa propre illégitimité.

    On ne reproche pas à Moussi une violence, un meurtre, une fraude massive.
    On lui reproche… d’avoir tenté de déposer un recours juridique.
    Autrement dit : elle a utilisé une procédure légale, et on l’accuse de crime capital ….

    Le régime DESPOTIQUE de Kaïs Saïed se sert de l’article 72 exactement comme Ben Ali ou Bourguiba l’ont fait à leurs pires moments :

    FAIRE DE L’OPPOSANT UN ENNEMI PUBLIC ….HC