Lors de son intervention à la plénière consacrée à l’examen du budget de son département, samedi 15 novembre 2025, la ministre de la Justice, Leïla Jaffel, a adopté un ton à la fois tranchant et ouvertement ironique pour répondre aux questions des députés, en particulier celles relatives à la surpopulation carcérale, à la situation des détenus et à la grève de la faim observée par certains prisonniers politiques.
Des détenus « qui mangent tous »
D’entrée, elle a affirmé que les informations relayées en ligne, notamment sur Facebook, n’avaient « rien de vrai » et a dénoncé ce qu’elle a qualifié de « campagne infondée » autour du système pénitentiaire.
La ministre n’a pas hésité à tourner en ridicule les accusations portant sur d’éventuelles grèves de la faim « sauvages ». « Nous n’avons personne dans les prisons en grève sauvage (de la faim). Personne ! », a-t-elle lancé, avant de minimiser la portée des mouvements déclarés.
Avec un éclat de rires assumé, elle a expliqué que certains détenus « observent une grève moitié moitié. Ils mangent un peu ici et un peu là ». Elle a ajouté : « Il n’y a aucune grève sauvage (de la faim). Ils mangent tous ! Celui qui ne mange pas beaucoup, mange un peu. »
Poursuivant dans le même registre sarcastique, elle s’est même autorisé cette remarque : « Ils mangent même dans des endroits où on ne peut manger. »
Pour autant, la ministre a tenu à préciser que les détenus déclarant une grève de la faim sont encadrés par un protocole médical strict. Elle a rappelé qu’ils bénéficient d’un suivi sanitaire permanent, tout en soulignant qu’il leur est loisible de refuser ce protocole. Elle a aussitôt ironisé : « Et cela est normal, car alors on saura qu’ils sont en train de manger. »
La ministre a continué sur la même lancée et a ouvertement déclaré : « Et puis, depuis quand les actes d’un accusé sont mesurés par une éventuelle grève de la faim ? (…) Nous appliquons la loi, avec ou sans grève de la faim. » Elle a conclu ce passage par une charge sévère contre ses opposants, estimant que « tout ce brouhaha, qui in fine se retournera contre ces gens qui sont en train de détruire leur pays, ne mènera à rien ».
Retour sur la dissolution du CSM
Interpellée sur la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature, Leïla Jaffel a répondu avec le même ton tranchant perceptible dans l’ensemble de son intervention. Elle a d’abord retourné la question à ses interlocuteurs : « Vous estimez que quand il y avait le Conseil supérieur de la magistrature, il y avait justice ? ».
Selon elle, l’existence ou non d’un Conseil n’est pas une garantie du bon fonctionnement judiciaire. « La justice ne dépend pas d’un conseil. Quand il y a des lois qui protègent les droits et qui sont appliquées convenablement, là on peut parler de justice », a-t-elle affirmé, laissant entendre que l’ancienne structure n’était pas à la hauteur de ses missions.
Elle a ensuite convoqué son expérience personnelle, assurant sur un ton désabusé : « J’ai vécu l’époque du Conseil quand j’étais juge et je sais ce que cela fait, et je sais comment le mouvement dans le corps des magistrats se faisait. »
« On applique la loi, point »
Abordant enfin les critiques concernant les nominations à des postes stratégiques par note de service, la ministre a tenu à rappeler, non sans agacement, que son département se contente d’appliquer la loi. Elle a cité le texte de 1967 comme fondement juridique indiscutable et a rejeté les accusations portées sous la coupole selon lesquelles son ministère outrepasserait ses prérogatives. Selon elle, les procédures actuelles sont pleinement légales et respectées à la lettre.
N.J













