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CSM, procès à distance, nominations : Leila Jaffel assume ses choix et contre-attaque 

Par Nadya Jennene

Lors de la plénière d’examen du budget du ministère de la Justice au Parlement, samedi 15 novembre 2025, la ministre Leïla Jaffel a présenté un long exposé pour défendre l’action de son département, alternant annonces concrètes, analyses budgétaires et réponses cinglantes aux critiques, parfois sur un ton visiblement méprisant.

Un budget trop serré pour des réformes ambitieuses

En ouverture de son intervention, elle a souligné les efforts déployés par le système judiciaire et pénitentiaire « pour consacrer une justice transparente, rapide et proche des citoyens ». « Nous allons travailler avec rigueur et fidélité avec toutes les entités de l’État pour fonder un État et une société de droit, en application des choix constitutionnels », a-t-elle déclaré.

La ministre a rappelé que le budget de son département ne représente que 1,28 % du budget global de l’État, un montant insuffisant pour exécuter toutes les réformes envisagées. « Nous travaillerons donc sur les priorités, et vous avez bien remarqué que nous avons déjà commencé à mener des réformes, notamment au niveau des infrastructures, tant dans les tribunaux que dans les établissements pénitentiaires. »

Elle a précisé à ce sujet : « 83 % du budget est consacré aux salaires. Qu’en reste-t-il donc pour investir ? Et avec cela, vous avez sans doute remarqué les manques en termes de personnel juridique — les juges notamment — et dans les prisons. »

Créer des tribunaux ? « Pas au pif » répond Jaffel

Abordant la création de tribunaux dans certaines régions, la ministre a insisté sur la nécessité de respecter des normes techniques et de réaliser des études préalables. « On ne peut pas créer un tribunal simplement pour satisfaire les habitants d’une région donnée », a-t-elle déclaré, notant que son département « ne peut s’amuser à ouvrir un tribunal tous les 20 kilomètres » ou « au pif ».

Elle a toutefois indiqué que le tribunal de première instance de Djerba devrait être inauguré en janvier 2026, après la finalisation des équipements, et que le tribunal cantonal de Hajeb Laayoun ouvrirait dans les premiers mois de la même année. Concernant Mahdia, elle a précisé : « Nous sommes en train de chercher un local pour la cour d’appel, que nous espérons trouver d’ici la fin de l’année 2026. »

La ministre n’a pas caché son insatisfaction vis-à-vis de la Cour de cassation, qualifiant son état de « déplorable » et soulignant la nécessité de travailler à « une Cour de cassation honorable ».

Échanges tendus avec un député

Répondant à une question rhétorique sur la durée de son mandat, elle a affiché un mépris ouvert à l’égard du député auteur de la question : « Si nous allons nous amuser à calculer le temps que nous allons passer au ministère, nous ne réaliserons rien. Si je vais m’amuser à faire ça et à réfléchir à exécuter ou non des projets, il n’y aura plus rien à espérer de ce monde. Je ne calcule rien. Quand j’endosse une responsabilité, même si c’est pour une journée, je l’assume et je l’exécute comme il se doit. »

Elle a rappelé : « Nous sommes tous de passage. La règle est l’alternance au pouvoir, mais il faut toujours laisser une bonne trace. » Elle a, dans ce même contexte, ironisé au sujet du député : « Personne n’est immortel et nous sommes tous tenus de rendre des comptes pour nos actes (…) Serait-il un dinosaure ? »

Respect de la loi

Sur le respect strict de la loi, elle a affirmé : « Si on se fie à ce qui se dit, le ministère de la Justice ne serait qu’une débâcle totale (…) Au contraire, nous sommes en train de travailler et la justice n’est pas paroles, elle se traduit par des actes. » Elle a rappelé que certains projets prennent des années avant d’être finalisés, preuve selon elle du respect du cadre légal.

Concernant la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature, Leïla Jaffel a été cinglante : « Vous estimez que quand il y avait le Conseil supérieur de la magistrature, il y avait justice ? » Elle a ajouté : « La justice ne dépend pas d’un conseil. Quand il y a des lois qui protègent les droits et qui sont appliquées convenablement, là on peut parler de justice », évoquant son expérience personnelle : « J’ai vécu l’époque du Conseil quand j’étais juge et je sais ce que cela impliquait, et comment le mouvement dans le corps des magistrats se faisait. »

Sur les nominations à des postes stratégiques, elle a rappelé que le ministère se contente d’appliquer la loi, citant le texte de 1967 comme base juridique : « Les procédures actuelles sont pleinement légales et respectées à la lettre. »

Procès à distance : “une grande réussite” selon la ministre

Enfin, la ministre a évoqué les procès à distance, introduits pendant la pandémie de 2020, qu’elle a qualifiés de « grande réussite » et pour lesquels « personne n’est venu se plaindre ». Elle a ironisé sur leur adoption, notant qu’elle n’en était pas à l’origine, et a précisé que ce dispositif s’applique notamment aux affaires de terrorisme, garantissant toutes les conditions logistiques et de sécurité nécessaires, notamment pour le transport des accusés.

En conclusion, Leïla Jaffel a réaffirmé avec insistance que toutes les actions de son ministère étaient conduites dans le strict respect des lois en vigueur.

N.J

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Commentaire

  1. Roberto Di Camerino

    16 novembre 2025 | 15h02

    La Ministre de l »INJUSTICE certainement jouit de la confiance de son Commanditaire et Patron, sinon ell aurait ete moins grinchuese et combattive.
    Ils sont tous les deux candidats a un proces pour injustice. repetee et perpetree sur une population soumise.