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Un bilan « zéro réalisation » : un député étrille le ministre du Transport en plénière 

Par Nadya Jennene

L’ambiance était particulièrement tendue lors de la séance plénière consacrée à l’examen du budget du ministère du Transport, lundi 17 novembre 2025. Un député de Nabeul, Mohamed Ali Fennira, a vivement interpellé le ministre, fustigeant une accumulation de promesses non tenues et une crise qu’il juge devenue insupportable.

« Achevez-le tant que vous y êtes ! », a-t-il déclaré d’entrée pour illustrer la situation catastrophique du secteur. Le parlementaire a rappelé les engagements pris depuis mai 2024 et jamais mis en œuvre : « Vous nous aviez promis un bus de confort depuis mai 2024 : il n’est jamais arrivé. Vous nous aviez promis trois bus articulés pour améliorer le transport scolaire avant la rentrée : eux non plus ne sont jamais arrivés », a-t-il lancé, visiblement en colère.

Il a également dénoncé les annonces faites pour l’année 2024, restées lettre morte : « Vous nous aviez promis des solutions pour 2025 (…) Rien n’a été livré », a-t-il insisté.

Le député est ensuite revenu sur le transport interurbain entre Nabeul, Hammamet et Tunis, qu’il accuse d’être dans un état de défaillance avancée. « Vous aviez annoncé 28 dessertes entre Nabeul et Tunis, et entre Hammamet et Tunis… Au final, seules deux fonctionnent réellement », a-t-il martelé.

Selon lui, ces promesses avaient été faites par l’actuel secrétaire général du ministère lorsqu’il était encore directeur général. « Malheureusement, jusqu’à aujourd’hui, le résultat est : zéro réalisation », a-t-il regretté.

Le député a aussi dénoncé un autre engagement non respecté, cette fois par la direction du transport terrestre. « Le directeur général nous avait promis un projet de révision du périmètre du transport urbain et du périmètre commun entre Nabeul et Ben Arous, prêt avant la rentrée scolaire… Les gouverneurs ont fait leur part, mais lui n’a pas fait son travail. Il n’a rien préparé », a-t-il accusé.

Sa colère est montée d’un cran : « Jusqu’à quand cette négligence va-t-elle durer au sein du ministère ? Il n’y a ni bus, ni réformes, ni décisions appliquées… Même le transport public n’avance plus ! »

Dans un passage particulièrement virulent, il a déploré l’absurdité de la situation, notant que « la Tunisie est le seul pays où les avions sont plus nombreux que les aéroports ! »

Le député a ensuite dressé un tableau sombre de l’état du secteur dans sa région : « À Nabeul, il manque des moyens, il manque des chauffeurs, il manque des véhicules, les trajets ne sont pas réguliers, certaines lignes ont disparu, la société est endettée, et les décisions sont improvisées », a-t-il signalé, rappelant même que le covoiturage y est interdit.

« Que se passe-t-il dans ce ministère ?! », a-t-il conclu, notant que s’il commençait à évoquer toutes les problématiques, il lui faudrait probablement 24 heures pour en finir.

La vive sortie du député intervient dans un contexte de dégradation profonde du secteur des transports en Tunisie. Depuis plusieurs années, le pays fait face à une pénurie chronique de bus et de trains, à des flottes vieillissantes, à des pannes récurrentes et à des retards jugés « structurels » par les organisations syndicales.

Les sociétés publiques croulent sous les dettes, la maintenance est insuffisante et certaines lignes ont été suspendues faute de moyens. À cela s’ajoutent l’absence de réformes, la désorganisation des services et la montée des pratiques informelles, autant d’éléments qui alimentent un sentiment généralisé de crise et d’abandon.

N.J

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