Sur Facebook, une publication est devenue virale depuis le 25 novembre 2025, en réaction à une vidéo diffusée par Express FM sur les féminicides dans le monde. Dans cette vidéo, la radio tunisienne cite les données publiées par l’ONU, selon lesquelles près de 50.000 femmes et filles ont été tuées en 2024 par un partenaire intime ou un membre de leur famille, au niveau mondial. La publication Facebook conteste ce chiffre et affirme qu’il serait faux ou exagéré, suggérant que les médias exploitent le débat sur les droits des femmes pour diffuser des chiffres alarmants et que ce chiffre mondial refléterait la situation en Tunisie. Elle va même plus loin en comparant les hommes tunisiens aux forces israéliennes à Gaza, insinuant que les violences domestiques dans le pays seraient équivalentes aux victimes civiles dans un conflit armé.
La traduction précise de la publication est la suivante : « Dès que le Code du statut personnel est évoqué, soudain les médias se mettent tous à parler de la violence contre les femmes. Ils te disent : 50.000 femmes ont été tuées en 2024. Donc l’homme tunisien et Israël c’est la même chose, aucune différence. Israël a tué les femmes de Gaza en deux ans, et le Tunisien a fait pareil en une seule année. » Cette affirmation laisse entendre que le chiffre avancé par Express FM serait exagéré et non crédible et qu’il pourrait être utilisé pour alimenter un récit sensationnaliste.
En réalité, le chiffre cité par Express FM est fondé sur des sources officielles. Les estimations proviennent d’un rapport conjoint de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) et d’ONU Femmes, qui recensent les femmes et filles tuées intentionnellement dans le monde entier par un partenaire intime ou un membre de leur famille. Selon ces données, environ 83.000 femmes ont été tuées intentionnellement dans le monde en 2024, dont près de 50.000 par un proche. Il s’agit donc d’un chiffre global, et non d’une statistique locale pour la Tunisie.
Les données nationales tunisiennes sont bien différentes, selon les organisations spécialisées et les articles relayés par Express FM, la Tunisie a recensé environ 26 féminicides en 2024. Le chiffre mondial de 50.000 ne peut donc en aucun cas être appliqué au pays. La publication Facebook confond ainsi chiffre mondial et situation nationale, créant une interprétation erronée. Elle compare également deux phénomènes très différents les féminicides, qui sont des violences domestiques, et les victimes civiles dans un conflit armé, ce qui est incorrect.
Ainsi, le chiffre de 50.000 femmes tuées en 2024 est bien réel, mais il concerne le monde entier, et non la Tunisie. La vidéo d’Express FM ne fait aucune affirmation erronée et se base sur les statistiques publiées par l’ONU. La publication qui conteste ce chiffre le sort de son contexte, l’applique à une réalité locale et en tire des conclusions trompeuses.
R.A.
