Un large front composé d’organisations de la société civile et de partis politiques a lancé un appel à manifester le samedi 29 novembre contre la suspension des associations et la montée des restrictions aux libertés publiques. Les signataires dénoncent une « décision politique » visant à réduire au silence les voix indépendantes, dans un contexte de crise multidimensionnelle et de durcissement autoritaire.
Un climat de répression généralisée
Dans leur communiqué, les organisations estiment que la suspension des associations « n’est ni une procédure administrative ni une décision judiciaire », mais un nouvel instrument pour étouffer la société civile après les lois d’exception, les poursuites politiques, la mise au pas de la justice, la pression sur les médias et le ciblage d’activistes.
Elles accusent le pouvoir de fermer les espaces publics, de criminaliser la différence et d’alimenter un climat de peur tout en échouant à résoudre les urgences sociales : hausse vertigineuse des prix, rupture de médicaments, pénurie d’eau, dégradation des infrastructures, et extension continue de la répression.
Selon elles, restreindre l’activité associative constitue une atteinte directe au droit des citoyens à s’organiser et à défendre leurs causes : droits des femmes victimes de violence, droits des migrants et demandeurs d’asile, justice climatique, libertés individuelles et publiques, lutte contre la corruption, droits économiques et sociaux…
Mobilisation unitaire
Les signataires affirment que le pouvoir « vise toutes les voix libres » et en appellent à l’ensemble de leurs alliés dans les syndicats, les partis, les mouvements culturels, sociaux et étudiants, ainsi qu’aux jeunes dont l’engagement s’est structuré dans l’après-2011.
Ils exhortent « toutes celles et ceux qui n’ont pas renoncé à défendre une Tunisie démocratique, sociale et progressiste » à participer massivement à la marche.
Une marche annoncée pour le 29 novembre
La manifestation est prévue le 29 novembre 2025 à 14h, au départ de la place Pasteur – Piscine du Belvédère.
Elle se veut un mouvement indépendant, organisé sous les mots d’ordre suivants :
- Liberté d’expression et de s’organiser ;
- Droit des associations à exister et à travailler ;
- Libération des prisonniers et prisonnières d’opinion ;
- Protection des activistes contre les campagnes de diffamation et les poursuites ;
- Lutte contre la répression et la concentration du pouvoir ;
- Défense des droits et de la dignité des femmes ;
- Consolidation d’une Tunisie démocratique, juste et libre ;
- Indépendance de la justice.
Les signataires concluent en appelant à un large rassemblement « contre la régression, la populisme et l’autoritarisme ».
Une coalition large d’organisations et de partis
Le communiqué est signé par quatorze organisations de la société civile, parmi lesquelles :
- la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH),
- l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD),
- Aswat Nissa,
- I Watch,
- Al Bawsala,
- Association Beity,
- Association Amal pour la famille et l’enfant,
- Damj – Association tunisienne pour la justice et l’égalité,
- Intersection pour les droits et les libertés,
- Takallam,
- Groupe Tawhida Ben Cheikh,
- Association Lina Ben Mhenni,
- Moussawat.
Six partis politiques soutiennent également l’appel : Al Joumhouri, Attayar, Al Qotb, le Parti des travailleurs, le Parti socialiste, et Afek Tounes.
M.B.Z












