La Fédération générale des banques et des établissements financiers, relevant de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), a tiré la sonnette d’alarme, vendredi 28 novembre 2025, en menaçant d’organiser une deuxième grève générale dans le secteur. Dans un communiqué signé par son secrétaire général Ahmed Jaziri, la fédération dénonce une situation sociale « explosive » et accuse le Conseil bancaire et financier de bloquer délibérément les négociations.
Un climat social jugé “alarmant” dans le secteur
Dans son communiqué, la Fédération affirme suivre « avec indignation et colère » la politique de « refus et de procrastination » qu’elle impute au Conseil bancaire et financier. Elle pointe un « sabotage » du processus de négociation sociale et une « atteinte méthodique aux droits des travailleurs » dans un secteur qui, selon elle, devrait être exemplaire dans le respect de la loi et des conventions professionnelles.
La centrale syndicale sectorielle dénonce également ce qu’elle qualifie de « maltraitance organisée » à l’encontre des employés des banques, des institutions financières et des assurances. Elle accuse certains acteurs du « capital national et étranger » d’abus manifestes, dans un contexte où l’autorité de tutelle « reste silencieuse » et ne remplit pas son rôle de supervision, ce qui ferait d’elle, selon la Fédération, « un partenaire objectif dans les violations subies par les agents ».
Un niveau de tension “sans précédent” selon la Fédération
Pour la fédération, le climat social a atteint « un niveau inédit d’exaspération » dans le secteur bancaire. Elle énumère plusieurs facteurs de tension :
- La dégradation continue du pouvoir d’achat des agents, aggravée, selon elle, par la pression fiscale sur les salaires.
- L’absence de hausses salariales “justes et équitables”, capables de suivre l’inflation et de garantir un minimum de conditions de vie dignes.
- Les politiques de pression, d’intimidation et de répression des mouvements syndicaux, comprenant des retenues « arbitraires » sur les salaires et des sanctions jugées « vindicatives ».
- Le refus d’ouvrir un dialogue sérieux et la volonté supposée d’imposer un fait accompli, au lieu de négocier de manière responsable.
La Fédération estime qu’il s’agit d’une « atteinte claire à la dignité professionnelle » et d’une tentative de faire porter aux employés la responsabilité d’une crise qu’ils n’ont pas contribué à créer, alors que les banques enregistrent, selon elle, « des bénéfices croissants » et affichent des indicateurs de stabilité financière.
Des revendications précises et un ultimatum clair
Dans ce contexte, la Fédération générale des banques et des établissements financiers formule plusieurs exigences :
- Le respect du droit des employés à un salaire équitable et à des conditions de travail dignes.
- Le refus absolu de toute forme de menace, de pression ou de retenue sur les salaires liée à l’exercice du droit syndical.
- La mise en cause directe du Conseil bancaire et financier et de l’autorité de tutelle, jugés responsables de la détérioration de la situation.
- L’ouverture immédiate de négociations sérieuses sur les conventions collectives de 2025, avec un calendrier clairement défini.
- L’application de l’article 412 ter du Code de commerce, en insistant pour que les employés des banques ne soient pas exclus.
- L’examen de l’ensemble des revendications professionnelles et sociales portées par les agents.
La menace d’une deuxième grève générale
La fédération affirme qu’elle ne restera pas passive face à la « politique de procrastination » et de « déni » qu’elle dénonce. Elle assure qu’elle défendra « avec force et légitimité » les droits syndicaux des agents et se dit prête à recourir à des actions de protestation plus dures.
Elle prévient qu’une deuxième grève générale dans le secteur bancaire, financier et assurantiel est désormais une option sérieusement envisagée si le dialogue n’est pas immédiatement engagé.
Une grève sectorielle a eu lieu dans le secteur bancaire les 3 et 4 novembre derniers, au cours de laquelle les agents ont protesté pour réclamer plusieurs revendications, notamment des augmentations salariales.
De son côté, le Conseil bancaire et financier (CBF) avait rejeté cet appel à la grève, en réaffirmant son engagement à appliquer les hausses de salaires qui seront prévues dans la Loi de finances 2026, en particulier son article 15. Le CBF avait également indiqué qu’il préciserait les modalités d’application dès la publication du texte au Journal officiel de la République tunisienne.
I.N.












