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Marche pour la liberté et contre la répression : les manifestants investissent la Capitale 

Manifestation pour les libertés. 29 novembre 2025 - Photo de FETHI BELAID / AFP

Par Nadya Jennene

Une marche a débuté samedi 29 novembre 2025 à Tunis, à 14h00, dans le centre-ville au départ de la place Pasteur, à l’initiative de plusieurs organisations de la société civile et de partis politiques. Cette mobilisation, annoncée depuis plusieurs jours, appelait à défendre la liberté, l’égalité et la justice, et à dénoncer toutes les formes de violence, de répression et de harcèlement visant les associations et les militants.

FETHI BELAID / AFP

Dans une atmosphère résolument engagée, les activistes de la société civile et les figures politiques présentes ont affiché une détermination sans faille. La marche a surtout révélé que le mouvement d’unité, depuis des mois en gestation, commence à prendre forme : les différentes tendances politiques y ont défilé côte à côte, portées par un même refus du durcissement autoritaire.

Le militant Ayachi Hammami, condamné à 5 ans de prison dans l’affaire de complot

Parmi les participants repérés dans la foule figuraient la membre du Front de salut national, Chayma Issa — condamnée à vingt ans de prison dans l’affaire dite de complot —, des sympathisants du Parti destourien libre dont la présidente Abir Moussi est détenue depuis le 3 octobre 2023, le secrétaire général du parti Attayar et ancien député Nabil Hajji, Abdelaziz Chebbi, fils du détenu politique Issam Chebbi, ainsi que Meriem Zeghidi Adda, sœur du journaliste Mourad Zghidi, condamné à huit mois de prison en janvier 2025 dans le cadre d’un dossier relatif au décret 54. Les militants associatifs étaient, eux aussi, présents en force.

Hamma Hammami- Photo FETHI BELAID / AFP

Les manifestants ont scandé de nombreux slogans : « Heyla leblad, dictature et répression ! », « Libertés, libertés, l’État policier c’est fini ! », « Après six ans, une piscine comme réalisation », « Libérez les prisonniers d’opinion, libérez les prisonniers humanitaires ! », « Ô peuple opprimé, rejoins le mouvement », « Le peuple veut la fin du régime ! », « Emploi, liberté, dignité nationale ! », « Le peuple en a marre des nouveaux Trabelsi », ou encore l’incontournable « Dégage ! ».
Des mots d’ordre qui témoignent d’un ras-le-bol généralisé et d’un rejet frontal du climat politique actuel.

Ezzeddine Hazgui – photo FETHI BELAID / AFP

Les pancartes brandies affichaient les visages des prisonniers de toutes les obédiences, rappelant l’ampleur de la vague de détentions : Abir Moussi, Sherifa Riahi, Mourad Zeghidi, Salwa Grissa, Ghazi Chaouachi, Abdelhamid Jelassi, Jaouhar Ben Mbarek, Khayem Turki, Chadha Haj Mbarek et bien d’autres encore. Une manière d’inscrire la pluralité des injustices dans une même cause.

Depuis la place Pasteur, la marche a parcouru plusieurs rues de la capitale avant de rejoindre l’avenue Habib Bourguiba. Une démonstration de force qui souligne la persistance d’un front citoyen déterminé à défendre les libertés et à contrer le rétrécissement du champ démocratique.

Photo FETHI BELAID / AFP
Arrestation de Chayma Issa

La membre du Front de salut national, Chayma Issa, condamnée à vingt ans de prison dans l’affaire dite de complot contre la sûreté de l’État, a été arrêtée en plein cortège.

Selon plusieurs témoins, dont l’avocate Dalila Ben Mbarek Msaddek, des agents en civil l’auraient interceptée alors qu’elle marchait parmi les manifestants. L’opération, menée rapidement dans une forte cohue, a sidéré la foule.


L’arrestation a immédiatement suscité une vague d’indignation : les slogans dénonçant la répression ont redoublé, l’atmosphère s’est tendue, et plusieurs protestataires ont accusé le pouvoir de vouloir « faire taire les voix libres ». D’autres ont scandé des appels à la libération des prisonniers d’opinion. Malgré un dispositif sécuritaire renforcé et une colère palpable, les manifestants ont poursuivi la marche.

Selon les organisateurs, les mesures de suspension d’associations ne relèveraient ni de procédures administratives ni de décisions judiciaires, mais constitueraient un moyen de faire taire les voix indépendantes.

Après une série de lois exceptionnelles, de procès politiques, d’instrumentalisation du système judiciaire, de pressions sur les médias et de ciblage d’activistes, les organisateurs estiment que cette marche est nécessaire pour défendre les derniers espaces de liberté d’expression et d’organisation.

Cette marche est un moment de mobilisation symbolique de la société civile tunisienne face aux atteintes aux droits et aux libertés publiques, dans un contexte de tensions croissantes autour de l’exercice de la liberté associative et de la liberté d’expression.

N.J

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3 commentaires

  1. zaghouan2040

    30 novembre 2025 | 7h15

    Immense respect et considération pour le courage et la détermination des manifestants
    Quel dommage que la majorité des Tunisiens soit constituée hélas d’une populace d’abrutis lâches et dépourvus de dignité

  2. HatemC

    29 novembre 2025 | 19h37

    Le “ras-le-bol” cumulé : la théorie du seuil

    Selon le sociologue Mark Granovetter, les individus ont des seuils de tolérance différents.
    Certains se lèvent dès les premières injustices ; d’autres attendent beaucoup plus.

    Mais quand :
    – l’injustice devient trop visible
    – la répression devient arbitraire
    – l’économie s’effondre
    – les libertés se referment

    … les seuils individuels se synchronisent.
    On passe de la colère isolée à la colère collective.

    C’est ce moment que les régimes craignent le plus.

    Un régime tient grâce à deux piliers :
    – la croyance
    – la peur

    Quand la peur s’effrite, les régimes chutent rapidement.
    Les Tunisiens l’ont déjà prouvé en 2011 :
    il suffit que les gens voient que d’autres n’ont plus peur pour qu’eux-mêmes cessent d’avoir peur.

    Un peuple ne se lève jamais par caprice.
    Il se lève lorsqu’il n’a plus d’autre option que la dignité.

    KS TON HEURE ARRIVE A GRAND PAS … TU NE MERITES PAS LA CONFIANCE DES TUNISIENS … TU N’ES QU’UN USURATEUR INDIGNE ….HC

  3. HatemC

    29 novembre 2025 | 19h28

    Quand la foule appelle publiquement le reste de la nation, cela signifie qu’ils pensent – souvent avec raison – que la colère est latente partout.