L’initiative législative relative à l’importation de véhicules au tarif d’origine a plongé le Parlement dans une agitation inhabituelle, samedi 29 novembre 2025, donnant lieu à un véritable tohu-bohu sous la coupole, mais a finalement été adoptée.
Un hémicycle en ébullition
Dès l’ouverture des débats, les échanges se sont envenimés : les députés, se renvoyant mutuellement la responsabilité, ont laissé entendre que certains parmi eux défendaient, fût-ce de manière implicite, les intérêts des concessionnaires automobiles. Les accusés se sont vigoureusement défendus, réfutant toute allégeance aux lobbies et dénonçant des insinuations infondées.
L’atmosphère au Parlement, saturée de tensions, a atteint son paroxysme lorsque la ministre des Finances, Michket Slama Khaldi, est intervenue pour exprimer l’opposition ferme de son département à cette initiative.
La présidence du Parlement a finalement décidé de lever la séance et d’accorder une pause, afin de permettre un retour au calme et de reprendre les travaux dans des conditions plus sereines.
À la reprise des travaux, une fois les esprits apaisés et les débats recentrés sur le fond du dossier, l’Assemblée a finalement procédé au vote. Contre toute attente, et malgré les réserves exprimées par l’exécutif, la proposition a été massivement adoptée : 131 voix se sont prononcées en faveur du texte, contre 2 voix opposées et 1 seule abstention.
Un vote massif malgré l’opposition de l’exécutif
Cette initiative propose, rappelons-le, un régime dérogatoire exceptionnel destiné aux Tunisiens résidant dans le pays, leur offrant la possibilité unique d’importer un véhicule au tarif d’origine ou d’en acheter un sur le marché local selon les mêmes conditions avantageuses.
Elle encadre strictement les caractéristiques des véhicules éligibles : un âge maximal de dix ans et une puissance fiscale ne dépassant pas sept chevaux, et cible les citoyens de plus de trente ans et les ménages répondant à des critères socio-économiques précis, dont un plafond de revenus fixé à dix-huit fois le SMIG pour les couples.
Les avantages susmentionnés ont suscité un vif intérêt au sein de l’opinion publique ainsi que parmi les élus soucieux d’introduire des mécanismes capables de soutenir le pouvoir d’achat et de répondre à une demande sociale croissante en matière de mobilité.
Cependant, cet engouement et les attentes suscitées n’ont pas manqué de se heurter aux contraintes réglementaires et financières évoquées par l’exécutif, soulevant des interrogations sur la faisabilité réelle d’une telle mesure.
Les sévères réserves de la ministre des Finances
Prenant la parole, la ministre des Finances a d’abord rappelé que le cadre juridique actuel ne permettait nullement au particulier tunisien d’importer un véhicule, la matière étant strictement régie par un arsenal de textes, au premier rang desquels la législation des changes.
Elle a souligné, à cet égard, la nécessité impérieuse de préserver les réserves nationales en devises étrangères, un enjeu jugé stratégique dans un contexte de vulnérabilité économique accrue.
Si elle a reconnu que « l’intention du texte est, dans son essence, parfaitement louable », elle a néanmoins insisté sur les limites de sa mise en œuvre. « C’est une belle proposition… mais à quel prix ? », a-t-elle lancé, soulevant des interrogations de fond : les mécanismes d’importation, les modalités de financement, l’impact sur la balance des paiements, ainsi que la capacité réelle de l’État à assumer une telle opération.
« Comment allons-nous mobiliser les devises nécessaires, et comment les fournir ? », s’est-elle demandé, avant d’affirmer que, dans son rôle de responsable des finances publiques, elle privilégiait l’utilisation des réserves en devises pour des importations vitales — énergie, céréales, produits subventionnés — plutôt que pour l’acquisition de véhicules.
La ministre a également alerté sur les conséquences de l’importation massive de véhicules anciens, tant du point de vue de la maintenance pour les acheteurs que de l’impact environnemental, soulignant le risque d’alourdir un parc automobile déjà vieillissant.
Elle a conclu sans ambages : la proposition, en l’état, n’était pas « applicable ».
N.J












8 commentaires
Mhammed Ben Hassine
Populisme aveugle s’est avéré trop contagieux, épidémie
Mhammed Ben Hassine
BN
Pouvez nous expliquer ce que veut dire prix d’origine surtout dans cas d’acquisition de se véhicule auprès du marché local (concetionaire)
Va t il me vendre un véhicule au prix d’achat et jeté par la fenêtre les différents frais qu’il a décaisser pour amener se véhicule en tun
ZARZOUMIA
les concessionnaires devraient changer LE MENU DE LEUR FESTIN .
EL OUAFI
Ces députés en sont-ils conscients de ce qu’ils font ?
Voter des lois sans analyses profondes et poser la question comment financer ce projet ?
D’où le provient la devise ?
Tomber dans le blanchiment de l’argent !
L’envoie des TRE se réduirait en peau de chagrin ! (Les arrangements qui peuvent affecter ce projet !
La devise que la BCT acquiert par l’intermédiaire des changes ne pourrait servir des projets privés !
( il me semble que ce vote qui permettrait à importer des véhicules aux non TRE Car ces derniers financent l’achat de leurs véhicules par leurs propres moyens,ils n’ont pas à susciter aucune interdiction par qui ce soit.
Une loi ne pourrait qu’être mort née !
Sans suite.
Judili58
Pourquoi la ministre n’a pas défendue avec autant de vigueur sa proposition de réduction des droits de douanes sur les cellules photovoltaïques ? Enjeu nettement plus important que cette proposition populiste de députés en quête de voix. Ils ont voté. Soit. L’application ils diront que ce n’est pas leur responsabilité !! Démagogie. Par contre la transition énergétique qui représente un intérêt suprême de la nation ils se permettent de jouer avec. C’est vrai ça ne rapporte pas de voix. Pauvre de nous.
Citoyen_H
ADIOS TUNISIA
C’est ce qui arrive quand on confie la gestion du pays, à des paysans.
aissaoui nasser
ils sont fous. on a plutot besoin de blé et de carburant.
ZARZOUMIA
les concessionnaires devraient changer LE MENU DE LEUR FESTIN .