L’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) a réagi, samedi 29 novembre 2025, à l’arrestation de la membre du Front de salut national Chayma Issa, condamnée vendredi à vingt ans de prison dans le cadre de l’affaire dite de « complot contre la sûreté de l’État ».
Dans un communiqué, l’organisation a déploré une campagne de répression collective et de châtiment systématique visant les femmes militantes et les femmes politiques, « dans un contexte de procès dépourvus des conditions élémentaires d’équité et du respect minimal des droits fondamentaux des prévenus et prévenues ».
Elle a réitéré son soutien total à Chayma Issa et à l’ensemble des femmes visées par cette répression, appelant les autorités à garantir leur intégrité physique et psychologique.
« L’enlèvement humiliant de Chayma Issa, orchestré avec ostentation au cœur d’une manifestation pacifique organisée par l’Association tunisienne des femmes démocrates, et rassemblant de nombreuses composantes de la société civile et du paysage politique pour protester contre les politiques de restriction et la suspension d’activités associatives, n’est qu’une nouvelle illustration du recul des droits humains et un indicateur supplémentaire de la tendance de ce régime à multiplier les actions d’hostilité envers les femmes », a dénoncé l’ATFD.
L’organisation a exigé la cessation immédiate de ces politiques qui s’attaquent à l’espace démocratique, vident la justice de sa substance et ramènent le pays dans un cycle d’intimidation et de musèlement des voix libres.
Notant que « le ciblage des défenseurs des droits et la répression de l’espace civil (…) constituent un affront direct à l’esprit de la Révolution et au droit des Tunisiennes et des Tunisiens à s’exprimer et à s’organiser librement », elle a affirmé que « cela souligne une fois de plus le danger d’une dérive vers des politiques punitives et vindicatives au lieu d’un engagement réel envers la justice et la loi ».
L’ATFD a conclu en réaffirmant que la protection des droits des femmes et des libertés fondamentales est un devoir intangible. « Toute tentative de réduire au silence les femmes constitue un nouvel assaut contre la démocratie et l’État de droit en Tunisie », a-t-elle souligné dans son communiqué.
Chayma Issa a été arrêtée dans l’après-midi de samedi, au cœur de la manifestation en défense des libertés organisée au centre-ville de Tunis. Selon plusieurs témoins, dont l’avocate Dalila Ben Mbarek Msaddek, des agents en civil l’ont interpellée alors qu’elle marchait parmi les manifestants. L’opération s’est déroulée rapidement, dans une forte cohue, sous le regard choqué des participants.
N.J














Commentaire
HatemC
Il est temps que les partenaires de la Tunisie cessent de fermer les yeux.
On ne peut pas applaudir la démocratie… et serrer la main d’un régime qui l’écrase.
Les pays qui entretiennent des relations économiques, politiques ou sécuritaires étroites avec la Tunisie ont désormais une responsabilité morale :
– dénoncer les dérives autoritaires,
– condamner les procès politiques,
– refuser les intimidations contre journalistes, opposants et citoyens,
– se désolidariser d’un pouvoir qui piétine les libertés.
Parce qu’à ce stade, continuer “comme si de rien n’était”,
c’est cautionner les arrestations arbitraires.
C’est normaliser la répression.
C’est devenir complice d’un autoritarisme qui s’assume.
Le silence n’est plus de la diplomatie.
C’est une collaboration passive.
Les partenaires doivent choisir :
la démocratie ou l’indifférence coupable.