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Ahmed Nejib Chebbi : un combat de 57 ans pour la liberté face à la répression

Par Mokhtar Khalfaoui

Par Mokhtar Khalfaoui

Dans l’histoire, il y a des leçons. Encore faut-il quelqu’un pour les entendre.

Un procès politique historique

Il y a 57 ans, en septembre 1968, Ahmed Nejib Chebbi était jugé devant la « Cour de sûreté de l’État » dans l’affaire des événements étudiants qui avaient secoué l’université tunisienne. Le procès concernait un nombre important d’étudiants et d’activistes politiques affiliés au mouvement Afek – Perspectives, au parti communiste interdit, aux baathistes, ainsi qu’à d’autres non affiliés.

Après une vaste vague d’arrestations commencée le 20 mars 1968, suite aux événements étudiants à l’université et aux manifestations dans les rues de la capitale, les enquêtes puis les procès ont eu lieu devant cette juridiction d’exception, la « Cour de sûreté de l’État », créée en juin 1968 et abolie en novembre 1987. Les audiences se sont tenues de juillet à septembre 1968, date du verdict. Environ 134 accusés ont été jugés, dont 81 en détention, trente en fuite, et 23 libres.

Les accusations graves contre les militants

Les chefs d’accusation comprenaient la conspiration contre la sécurité intérieure de l’État en s’accordant à utiliser la force et la violence dans l’intention de renverser le régime, l’atteinte à la sécurité extérieure de l’État, la possession d’une association non reconnue, la diffamation de l’État, du chef de l’État, des membres du gouvernement, de l’université et de la justice, ainsi que de chefs d’État et ministres étrangers, la diffusion de fausses nouvelles, l’agression violente contre des fonctionnaires, la violation des droits d’un fonctionnaire en exercice, le transfert illégal de fonds à l’étranger, le vol qualifié et la participation à ces crimes ! La cour a prononcé des peines de prison allant de quelques mois à seize ans et demi.

Une tragique répétition de l’histoire

Parmi les accusés, Ahmed Nejib Chebbi figurait aux côtés de Noureddine Ben Khedher, Mohamed Cherif, Mohamed Ben Jannet, Gilbert Naccache, Hachemi Troudi, Hachemi Ben Fredj, Hichem Skik, Salah Zeghidi, Mokhtar Arbaoui, Moncef Chebbi, Ahmed Ben Othman et d’autres. Ironie du sort, 57 ans après, cet homme se retrouve de nouveau devant les tribunaux de son pays et est condamné à douze ans de prison pour conspiration contre la sûreté de l’État !



Quand l’histoire retient les victimes et oublie les oppresseurs

L’histoire, en plus de ne se répéter que sous forme de farce, garde les noms des prisonniers d’opinion et de la liberté d’expression parmi les penseurs, les politiques et les opposants, mais oublie les noms de leurs bourreaux, de ceux qui légitiment l’injustice et la violence. Les procès politiques peuvent sembler être une solution temporaire pour éliminer les adversaires, mais c’est une solution à court terme.

À court, moyen et long terme, le nombre de victimes des verdicts injustes s’accroît, gravant leurs noms dans les registres d’honneur. Cela épuise les dirigeants — peu importe leur influence — qui finissent eux aussi dans les registres des ennemis de la liberté.

Dans les affaires d’opinion, les personnes raisonnables et justes prennent fait et cause pour le prisonnier, non pour le geôlier, pour la victime, non pour le bourreau, pour les condamnés, non pour les gouvernants, « pour les mangés, non pour les mangeurs ». C’est la logique des choses, mais il existe toujours des exceptions !

Dans l’histoire, il y a des leçons. Mais y a-t-il des sages pour en tirer profit ?

Mokhtar Khalfaoui est journaliste et écrivain

(Traduit par Business News du texte original en arabe)

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2 commentaires

  1. HatemC

    30 novembre 2025 | 20h20

    2011 AURAIT PU ETRE UN CHANTIER NATIONAL.

    Ça a été un marché de dupes.
    On n’a pas eu des bâtisseurs, on a eu des ouvriers fantômes, des architectes sans plans et des politiciens qui pensaient que “transition démocratique” signifiait “transition vers un meilleur poste”.

    Résultat :
    La maison Tunisie s’est effondrée avant même d’être construite…. c’est bien la réalité où je me trompe … Alors, grand militant, grand opposant, grande figure ?
    Très bien. Mais ça leur fait une belle jambe, aux Tunisiens qui attendaient une vie meilleure… et le meilleur de ces grand militant devant l’éternel …

    Les Tunisiens n’attendaient pas :
    – des symboles,
    – des récits héroïques,….

    Ils attendaient que ceux qui prenaient la parole,
    qui juraient amour à la démocratie,
    qui promettaient justice,
    qui faisaient des conférences et des grandes déclarations…

    … se comportent comme des bâtisseurs.
    Pas comme des candidats éternels qui pensent plus à la présidence qu’à la République.

    La vérité crue
    LE PEUPLE N’A PAS TRAHI LA SUPPOSEE REVOLUTION
    CE SONT LES ELITES QUI ONT TRAHI LE PEUPLE ….HC

  2. HatemC

    30 novembre 2025 | 20h06

    Oui, bien sûr, grand militant, figure historique, mémoire vivante…
    Mais n’a-t-il pas aussi dansé la danse du ventre pendant des années pour accéder à la présidence ?
    N’a-t-il pas flirté avec les islamistes, les centristes, les opportunistes, les survivants de l’ancien régime — bref, avec tous ceux susceptibles de lui offrir le fauteuil présidentiel ?

    À force de vouloir plaire à tout le monde, il a fini par ne convaincre personne.
    Et aujourd’hui, il découvre soudain que le régime qu’il a contribué à façonner… le dévore.

    Ceux qui hier étaient gestionnaires, architectes, négociateurs, équilibristes, opportunistes
    sont aujourd’hui les accusés d’un système qu’ils ont eux-mêmes laissé prospérer.

    En 2011, ils avaient une chance historique :
    – Réformer la sécurité.
    – Purger l’État profond.
    – Rendre la justice indépendante.
    – Écrire des règles du jeu modernes.
    – Encadrer les pouvoirs exceptionnels.
    – Construire une vraie démocratie, pas une vitrine Ikea.

    Mais non.
    Ils ont préféré négocier, temporiser, bricoler, rassurer la police, ménager Ennahdha, calmer les vieux réseaux, bref :
    changer les visages sans toucher aux pratiques.

    Aujourd’hui, ils crient à l’injustice.
    Mais l’injustice est un animal fidèle : elle revient toujours vers ceux qui l’ont nourrie.

    Celui qui rêvait d’être président, après avoir tourné autour de tous les blocs politiques, se retrouve aujourd’hui prisonnier d’un régime qui n’aurait peut-être jamais existé s’il avait eu le courage de réformer quand il en avait le pouvoir …

    La Tunisie, en 2011, n’a pas croisé des bâtisseurs.
    Elle a croisé des opportunistes en costume de bâtisseurs … HC