À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le VIH/sida, la Tunisie dresse un état des lieux préoccupant de la circulation de la maladie. Malgré les progrès thérapeutiques et les avancées en matière de santé publique, les données récentes rappellent que le pays demeure confronté à une dynamique épidémiologique active, exigeant vigilance, prévention et modernisation continue des dispositifs de prise en charge.
Selon les dernières statistiques publiées par le ministère de la Santé, la Tunisie comptait, 2 236 personnes sous traitement antirétroviral, à la fin de l’année 2024. Parmi elles, 1 529 hommes, 665 femmes et 39 enfants. Durant la même période, 415 nouveaux cas ont été enregistrés, dont 200 concernent des ressortissants étrangers.
Ces chiffres ont été présentés par le Dr Samir Mokrani, coordinateur du Programme national de lutte contre le sida, lors d’un colloque organisé par la Société tunisienne de biologie clinique. Selon le responsable, les prévisions pour l’année 2025 tablent sur environ 700 nouvelles infections, portant à près de 7 700 le nombre total estimé de personnes vivant avec le virus en Tunisie.
Dr Mokrani a souligné que les travailleurs du sexe et les usagers de drogues injectables demeurent les groupes les plus exposés, en raison de facteurs de risque élevés et d’un accès plus difficile à la prévention ou au dépistage. Il a également rappelé la vulnérabilité croissante des jeunes, souvent confrontés à un déficit d’information scientifique, à une perception amoindrie du danger et à une faible fréquentation des services de dépistage.
À la lumière de ces données, un rappel scientifique s’impose. Le virus de l’immunodéficience humaine, s’attaque progressivement au système immunitaire et fragilise les défenses de l’organisme en ciblant spécifiquement les lymphocytes CD4. Selon les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une infection non traitée évolue inéluctablement vers le sida, stade avancé caractérisé par l’apparition d’infections opportunistes sévères.
L’OMS précise que le VIH se transmet principalement par voie sexuelle lors de rapports non protégés, par voie sanguine en cas de partage de matériel d’injection ou d’utilisation d’instruments médicaux non stérilisés, ainsi que de la mère à l’enfant au cours de la grossesse, de l’accouchement ou de l’allaitement. Souvent asymptomatique dans ses phases initiales, l’infection peut se manifester par de la fièvre persistante, une fatigue chronique, une perte de poids inexpliquée, des infections répétées ou un gonflement des ganglions lymphatiques.
En Tunisie, quatre centres publics proposent actuellement un accès gratuit aux traitements, tandis que leurs systèmes de gestion et de suivi sont en cours de mise à niveau afin de mieux s’adapter à l’évolution du virus et à la diversification des profils de patients.
De nouveaux centres de diagnostic sont également en voie de développement à Monastir et à l’hôpital de la Rabta. Des extensions sont, également, programmée à Nabeul, Sfax et Bizerte. Ces structures devraient permettre un dépistage plus précoce, étape fondamentale dans la maîtrise de l’épidémie.
Au-delà des chiffres, la situation actuelle rappelle que la lutte contre le VIH est un combat de longue haleine. Elle exige constance, innovation et engagement collectif. Dans un contexte où le virus continue de circuler et où les comportements à risque persistent, la Tunisie se trouve face à une responsabilité essentielle : garantir que les avancées thérapeutiques ne soient pas compromises par une insuffisance d’information, de vigilance ou de prévention.
N.J










