Balkis Ghrissa, fille de l’activiste Saloua Ghrissa, a publié, mardi 2 décembre 2025, un message profondément émouvant sur les réseaux sociaux. Un texte où se mêlent douleur, détermination et quête de justice.
Saloua Ghrissa, militante des droits humains, chercheuse et fondatrice de l’Association pour la Promotion du Droit à la Différence, est détenue depuis le 9 décembre 2024 sous suspicion de financement étranger. Ancienne professeure d’enseignement supérieur aujourd’hui à la retraite, elle est accusée de manquements dans la gestion de son organisation.
Le 9 décembre 2024, elle avait été convoquée à la sous-direction des recherches économiques et financières à El Gorjani pour un interrogatoire. Libérée temporairement après une première audition, elle a été rappelée dès le lendemain pour un nouvel interrogatoire, à l’issue duquel elle a été placée en garde à vue pendant 48 heures au centre de détention de Bouchoucha. Le 12 décembre, elle a été présentée au procureur de la République près le tribunal de première instance de Bizerte, qui a ordonné l’ouverture d’une enquête judiciaire et confié le dossier à un juge d’instruction. À la fin de l’interrogatoire, un mandat de dépôt a été émis et la militante a été transférée à la prison civile de Manouba.
Dans son message, Balkis Ghrissa met des mots sur une année de douleur et de silence : « Je me pose souvent la même question : pourquoi on ne parle pas assez de ma mère ? Pourquoi une femme qui a toujours défendu les droits humains, une femme qui s’est battue pour les autres, peut être oubliée derrière des murs et des barreaux ? »
Elle dénonce l’invisibilisation d’une militante qui a consacré sa vie à la défense des autres. Un oubli qu’elle vit comme une seconde punition :
« J’ai l’impression que le monde ne regarde que celles et ceux qui sont déjà connus, et que pendant ce temps, ma mère, elle, reste dans l’ombre, seule, en prison. »
Balkis dit se battre chaque jour pour faire entendre la voix de sa mère, parfois avec le sentiment d’être insuffisante, parfois avec l’espoir ravivé par d’autres femmes engagées. Elle cite notamment l’avocate tout juste libérée Sonia Dahmani, ainsi que Ramla Dahmani sa sœur et Nour, sa fille, dont le combat lui redonne de la force :
« Je me dis que moi aussi, je dois continuer à me battre, encore et encore, sans jamais abandonner ».
Elle raconte un moment marquant : un échange avec Ramla Dahmani juste avant la libération de Sonia Dahmani, une phrase qu’elle dit ne jamais oublier :« Elle m’a regardée et m’a dit : On va y arriver ».
Ce souvenir semble aujourd’hui guider sa détermination.
« Alors oui, je vais continuer à parler. Je ne me tairai jamais… Je continuerai jusqu’à ce que le monde entier entende le nom de ma mère… et jusqu’à ce qu’elle retrouve enfin sa maison, sa liberté, sa vie ».
Balkis conclut son message par un hommage vibrant à la femme qu’est sa mère, à son sourire et à son courage :
« Ma mère a défendu le monde, mais aujourd’hui le monde semble l’avoir oubliée. Je porte sa voix, je porte son courage, et je ne lâcherai jamais. Un jour, elle sortira. Un jour, la justice parlera enfin pour elle. Et ce jour-là, je pourrai dire : on y est arrivé, maman. Ce magnifique sourire a été fait pour briller, pas pour être caché derrière des murs ».

M.B.Z












2 commentaires
TOUAGUINE MED B. ALI
Je corrigé le mixage entre l’institution judiciaire et la politique.
TOUAGUINE MED B. ALI
Par mes respects la dite révolution avait empiré la situation dans toutes les domaines le seule réalisation que personne ne pourra nier ce que les prisons devenus que d’héberger les compétents dont la majorité sont des femmes on dissez que certain préfère de vivre que avec les ignorants . Attention faut redresser la situation avant que les institutions internationales des droits de l’homme intervenus personne ne pourra faire les remarques négatives a propos de la justice en Tunisie une justice certaine où ses éléments sont à jour de ce se passe dans les coulisses des politiciens qui est l’opération la plus simple chez un juge d’instruction spécialiste par excellence dans le domaine mais hélas le mixage entre la réglementation judiciaire et la police répercutera négativement sur l’efficacité et la liberté et les tâches judiciaires . De préférence de libérer ceux qui ont été incarcéré suite à leurs avis à propos de la manière de gouverner un État où le destin d’un peuple devenu otage . Mieux de prévenir que guérir .