Heure de Tunis :
Plus de prévisions: Meteo 25 jours Paris
Light
Dark

L’histoire de la famille Souab avec Ayachi Hammami

Par Mongi Souab

Par Mongi Souab

La première fois que j’ai connu Ayachi Hammami, c’était en mai 1997. J’étais alors jeté au « kods » (amas), pavillon C, à la prison du 9-Avril, à Bab Saadoun.

Le maton-chef est entré en criant : « Mongi Ben Abdelhafidh Ahmed Souab… tu as un avocat ! »

J’ai eu l’impression de redevenir un être humain. Cela faisait treize jours que je n’avais vu personne de ma famille. Pas une seule visite, pas de « qoffa » (rations), pas de médicaments, pas de vêtements. J’étais ballotté entre la Sûreté de l’État, le poste de Bab Bhar et la prison de Bouchoucha, dans une affaire syndicale et politique où était également impliqué mon cher ami Jilani Hammami.

Ayachi m’a expliqué qu’il était avocat bénévole. Ce n’était pas un avocat payé par ma famille. Il m’a dit : « Ya Mongi… je ne vais pas te parler de l’affaire. Tu es entré par une décision politique, et tu ne sortiras que par une décision politique. »

Puis il a ajouté : « En revanche, je vais aider ta famille et voir de quoi elle a besoin. »

Et c’est exactement ce qu’il a fait. Il a contacté les miens, leur a obtenu un permis de visite, les a emmenés au bureau de poste de Bab Souika pour m’envoyer un mandat et me permettre d’acheter le nécessaire à la cantine de la prison.
À ce moment-là, il était aussi en contact avec mon frère Ahmed, alors juge au tribunal administratif.

Des rôles qui s’inversent, mais une loyauté qui demeure

Ainsi s’est nouée, puis renforcée, une relation à la fois politique et humaine.
Nous l’avons soutenu dans ses tentatives de rassembler l’opposition nationale :

  • lors du 18-Octobre 2005,
  • dans la construction de la « famille sociale-démocrate » en 2014,
  • puis dans la recherche d’un candidat unique de l’opposition à la présidentielle de 2024.

Il ne se lassait jamais d’essayer d’unifier, encore et encore. Sa dernière lettre, la veille même de son arrestation, en est d’ailleurs la meilleure preuve : tout y respire sa foi profonde dans l’idée de l’unité.

Puis les rôles ont changé.
Ahmed Souab est devenu l’un des membres du collectif de défense dans l’affaire de complot n°1, dans laquelle Ayachi Hammami figurait parmi les accusés.
Tant il était habité par cette cause, Ahmed a fini lui-même condamné à cinq ans de prison pour avoir mis à nu ce qu’il a appelé un « scandale judiciaire ».

Les rôles se sont inversés une nouvelle fois.
Avec Saeb et les amis d’Ahmed Souab, nous avons choisi qu’Ayachi Hammami soit le coordinateur de la défense d’Ahmed.
Mais lorsque le nouveau bâtonnier est entré en scène et a pris à son compte l’affaire d’Ahmed Souab, Ayachi s’est retiré, par respect pour les instances de la profession.

Et hier seulement, Ahmed m’a demandé, à moi et à son fils Saeb, d’apporter notre soutien à Ayachi Hammami et d’aller lui rendre visite chez lui.
Les forces de l’ordre nous ont devancés.
Notre ami et compagnon de route, Ayachi Hammami, a été arrêté.

Il est pourtant l’une des figures les plus importantes du mouvement démocratique et des droits humains dans ce pays.
Un homme respecté et estimé de tous, y compris de ceux qui ne partagent pas ses idées.

Subscribe to Our Newsletter

Keep in touch with our news & offers