La section régionale de l’Ordre national des avocats de Tunisie à Sousse a tenu, mercredi 3 décembre 2025, une assemblée générale exceptionnelle consacrée à l’arrestation de l’avocat et militant des droits humains Ayachi Hammami, interpellé la veille au soir.
Cette réunion, organisée à l’initiative du Conseil de la section, a réuni un grand nombre d’avocates et d’avocats qui ont exprimé une inquiétude profonde quant à l’évolution des droits et libertés dans le pays, annonce un communiqué publié le jeudi 4 décembre.
Dès l’ouverture, le président de la section, Zouheir Belhaj Amor, a dénoncé les violations flagrantes observées dans l’affaire dite de complot contre la sûreté de l’État, rappelant que ce dossier a été marqué par de graves atteintes au droit à la défense, un droit fondamental et constitutionnel.
Il a souligné que ces violations ont visé plusieurs avocats, dont Ayachi Hammami, figure reconnue du militantisme et de la défense des droits humains. « Son arrestation n’est pas seulement une attaque contre un avocat, mais contre tout défenseur des libertés et de la démocratie », a déclaré Belhaj Amor.
Les avocats présents ont affirmé que la Tunisie connaît un net recul en matière de droits et de libertés, une situation jugée dangereuse pour la stabilité du pays et la paix sociale. Ils ont appelé à utiliser tous les moyens pacifiques pour faire face aux violations observées, en particulier celles visant la profession.
Décisions fortes pour défendre la profession et les droits fondamentaux
À l’issue de longues discussions, l’assemblée a adopté une série de recommandations et de décisions qui seront transmises au bâtonnier et au Conseil de l’Ordre national.
Parmi les principales décisions annoncées :
• Mobilisation générale : les avocats s’engagent à assurer la défense de leurs confrères poursuivis dans les affaires liées à l’opinion ou à l’opposition au pouvoir, en coordination avec le comité de défense du barreau de Tunis.
• Publication d’une liste noire : la section demande à l’Ordre national de publier une liste des juges accusés de violations graves du droit de la défense, afin de constituer un document de référence pour la mémoire judiciaire et d’appuyer d’éventuelles actions de responsabilité. Elle appelle également à refuser l’inscription au tableau des magistrats révoqués arbitrairement.
• Boycott des audiences pénales à distance : les avocats décident de suspendre leur participation à toutes les audiences pénales par visioconférence dans les tribunaux tunisiens.
• Pression pour les réformes institutionnelles : la section réclame l’installation rapide du Conseil supérieur de la magistrature, incluant des représentants du Conseil de l’Ordre, ainsi que l’achèvement de la mise en place de la Cour constitutionnelle, jugée indispensable à la stabilité juridique du pays.
• Actions de protestation : les avocats appellent à une série de mouvements contestataires sous la direction du Conseil de l’Ordre, allant du port du brassard rouge à des sit-in devant le ministère de la Justice et la présidence du gouvernement, et pouvant évoluer vers des grèves ouvertes.
• Solidarité avec les confrères détenus : la profession se dit prête à mener des mouvements de grève de la faim en soutien aux avocats emprisonnés ayant déjà entamé ce mode de protestation.
• Coordination avec la société civile : la section souligne la nécessité de renforcer les liens avec les organisations de défense des droits humains, en Tunisie et à l’étranger, pour faire face aux violations répétées des droits fondamentaux.
S.H











