La dernière sortie d’Ahmed Chaftar, membre de la campagne explicative du projet présidentiel, sur les réseaux sociaux aura au moins eu un mérite : rappeler à quel point certains préfèrent l’invective à l’argument. Commentant deux manifestations organisées à Tunis samedi 6 décembre — l’une contre la répression, l’autre pour mettre fin à l’abattage des chiens errants — Ahmed Chaftar a choisi de confondre les deux et de qualifier des opposants de « chiens qui errent dans les rues de la capitale », téléguidés, selon lui, par des « forces extérieures ».
Une comparaison aussi grossière qu’utile : elle évite d’aborder la véritable raison pour laquelle l’opposition était dans la rue. Les manifestants dénonçaient l’arrestation de figures publiques, le durcissement sécuritaire et ce qu’ils estiment être une dérive autoritaire. Des sujets autrement plus substantiels que les images animales brandies pour les discréditer.
Plutôt que de répondre aux inquiétudes — fondées ou non — qui traversent une partie de l’opinion, Ahmed Chaftar fabrique une scène imaginaire : des « chiens » cherchant à renverser l’État. Une manière pratique d’esquiver le débat en transformant toute critique en menace orchestrée depuis l’étranger. Le procédé est connu : quand les faits dérangent, on les remplace par un décor.
L’amalgame entre la cause animale et la contestation politique ne relève pas d’une confusion, mais d’un choix stratégique : en dissolvant la mobilisation contre la répression dans une caricature, on évite d’en reconnaître l’existence. On peut ainsi tourner en dérision des citoyens inquiets pour leurs libertés, comme on balaie d’un revers de main la responsabilité des institutions.
À l’entendre, toute expression publique qui n’applaudit pas le pouvoir serait le symptôme d’une agitation guidée par des forces obscures. Une vision qui permet certes de ne jamais se remettre en question, mais qui appauvrit dangereusement le débat public.
En fin de compte, ce ne sont pas les manifestants qui donnent une image inquiétante de la démocratie tunisienne, mais ceux qui, faute d’arguments, préfèrent les comparer à des animaux pour éviter d’affronter ce qu’ils ont à dire.
S.H













3 commentaires
Abdallah Jaouabi
La violence verbale ou physique est le langage des faibles.
gogo
et je rajoute , pauvre Tunisie c’en est trop, tu est devenue trop laide ,trop grise,
tu es trop grise,tu es tombée
Brel: don quichenotte de la MARSA
gogo
chien c’est celui qui ne connait pas les 65 noms du chien, je ne me rappelle plus qui avait dit ,je pense que c’était un syrien ( aveugle ) et à l’époque d’un certain khalife’ abbasside’ qui l’avait fait entrer dans son entourage , quand on a avait lui rapporter cette anecdote.
Maintenant il faut attendre que fera votre khalife tunisien de son chien….
tunisien depuis oouf 75 ans