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Abdelhamid Bouchnak, privé de subvention pour la cinquième fois, crie à l’injustice

Le réalisateur tunisien Abdelhamid Bouchnak a laissé éclater sa colère après la publication, par le ministère des Affaires culturelles, des résultats complets de la Commission de promotion de la production cinématographique – session 2025.

Alors que le département a rendu publics, jeudi 11 décembre 2025,  l’ensemble des projets retenus, les noms des porteurs et les montants attribués, le cinéaste affirme que sa cinquième demande de soutien vient d’être rejetée, confirmant selon lui l’existence d’un mécanisme de financement inéquitable.

Dans un long message publié sur ses réseaux sociaux, Abdelhamid Bouchnak explique n’avoir jamais obtenu la moindre subvention depuis le début de sa carrière, contrairement à d’autres réalisateurs qui, affirme-t-il, enchaînent les financements année après année. Il s’interroge sur les critères réels de sélection, sur la logique qui permet à certains candidats d’être retenus à plusieurs reprises alors que d’autres, pourtant actifs et productifs, restent systématiquement exclus du dispositif. « C’est le cinquième projet refusé. Que faut-il faire de plus ? Où est la justice ? Où est la logique dans la politique d’encouragement ? », écrit-il, dénonçant un système qui, selon lui, décourage plutôt qu’il ne soutient.

Le réalisateur évoque un milieu où ceux qui ne bénéficient pas du soutien public sont contraints de prendre des risques financiers personnels considérables, allant jusqu’à investir leurs économies, leur énergie et parfois leur santé pour mener à bien leurs projets. Il estime que la création cinématographique en Tunisie devient un parcours du combattant pour ceux qui n’appartiennent pas aux cercles habituels et que le système actuel finit par transformer l’accès au financement en épreuve de résistance. « Nous sommes condamnés à produire avec nos propres moyens, dans un pays où il devient de plus en plus difficile de trouver sa place », déplore-t-il.

De son côté, le ministère des Affaires culturelles insiste, dans son communiqué, sur la transparence du processus et rappelle que cent trois projets ont été étudiés dans le cadre de cette session, couvrant l’écriture, la réécriture, les courts et longs métrages et les projets de fin de réalisation. La publication détaillée de tous les bénéficiaires, assortie des rapports de la commission, n’a toutefois pas suffi à éteindre les critiques exprimées ces derniers mois par plusieurs acteurs du secteur, qui estiment que le problème ne réside pas dans l’absence de transparence mais dans l’équité des décisions et dans la récurrence des mêmes noms.

Le coup de gueule d’Abdelhamid Bouchnak ravive ainsi un débat sensible dans le milieu cinématographique tunisien, où de nombreux professionnels dénoncent une politique culturelle qui manque de renouvellement, de vision et de soutien véritable à la diversité des voix. 

Le réalisateur assure qu’il continuera à travailler malgré les refus successifs, tout en appelant à une réforme profonde du système de subventions. Selon lui, il est nécessaire d’ouvrir un débat public sur la manière dont sont distribués les fonds de l’État et sur les responsabilités de ceux qui « décident du sort des créateurs avec l’argent public ». « Rien ne restera caché. La Tunisie est trop petite pour que ces choses-là soient enterrées », conclut-il dans un message qui continue de susciter de nombreuses réactions.

S.H

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