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Ayachi Hammami appelle à une grève collective de la faim et une mobilisation citoyenne pour les libertés 

Par Nadya Jennene

Depuis sa cellule de la prison de la Mornaguia, l’avocat et militant des droits humains Ayachi Hammami a lancé un appel politique et moral à l’ensemble des détenus et détenues d’opinion en Tunisie, les exhortant à s’engager dans une grève collective et totale de la faim durant trois jours, les 22, 23 et 24 décembre 2025.

Figure historique du militantisme démocratique, ancien coordinateur du Comité national de défense des détenus politiques, Ayachi Hammami est reconnu pour son engagement constant en faveur des libertés et des droits fondamentaux. Il avait toujours dénoncé une affaire « montée de toutes pièces », à caractère éminemment politique.

Il a été arrêté, mardi 2 décembre 2025, à son domicile après un jugement en appel dans le cadre de l’affaire dite de « complot contre la sûreté de l’État ». La Cour d’appel l’avait condamné à cinq ans de prison – assortis de deux ans de surveillance administrative – contre huit ans en première instance.

Dans son message publié sur Facebook vendredi 12 décembre 2025, Ayachi Hammami s’est adressé aux prisonniers politiques, syndicalistes, journalistes, acteurs de la société civile et victimes de poursuites qu’il qualifie d’arbitraires, inscrivant son appel sous un mot d’ordre sans équivoque : « Dans les prisons comme dans les places publiques, nous luttons ensemble pour la vie ». 

À travers cette action, il entend dénoncer ce qu’il décrit comme des procès inéquitables, des jugements iniques et des décisions de détention illégitimes, rendues par une justice qu’il estime inféodée au pouvoir exécutif et privée de son indépendance, en violation flagrante des lois nationales et des conventions internationales.

Pour l’avocat détenu, cette grève de la faim se veut un acte de résistance pacifique, un cri collectif contre l’injustice et une affirmation du droit fondamental à la liberté. Il appelle ses consœurs et confrères avocats, ainsi que les familles des détenus, à se rendre auprès des prisonniers afin de les informer de la date de l’action et de les encourager à y participer, ne serait-ce qu’une seule journée, selon leurs capacités.

Ayachi Hammami invite, également, la jeunesse tunisienne, les forces vives du pays et l’ensemble des soutiens des détenus à accompagner ce mouvement par une mobilisation solidaire, légale et pacifique. Il plaide enfin pour que ces journées de grève culminent en une marche nationale dont le mot d’ordre central serait la libération de toutes les prisonnières et de tous les prisonniers politiques.

Cet appel s’inscrit dans une séquence de mobilisations carcérales déjà marquée par plusieurs grèves de la faim menées par des détenus politiques, parmi lesquels Jaouhar Ben Mbarek, pour protester contre leur détention et dénoncer les conditions judiciaires entourant leurs poursuites. 

Ces actions militantes avaient toutefois été publiquement minimisées, voire niées, par la ministre de la Justice, Leila Jaffel, lors d’une séance parlementaire. Sur un ton ironique, celle-ci avait affirmé qu’aucun détenu n’était en grève de la faim, qualifiant ces informations de simples rumeurs infondées. Une position officielle qui avait alors suscité une vive controverse, renforçant le sentiment de déni institutionnel dénoncé aujourd’hui par Me Ayachi Hammami et les soutiens des prisonniers d’opinion. 

N.J

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