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Scarification des nourrissons : l’alerte du professeur Mnif face à un danger persistant

Par Nadya Jennene

Les dangers des pratiques traditionnelles de scarification chez les nourrissons en Tunisie sont persistants. Ces gestes, souvent réalisés sans hygiène ni justification scientifique, exposent les enfants à des risques graves, allant du tétanos aux complications immunitaires, et soulignent l’urgence d’une sensibilisation et d’une prévention renforcées.

Le professeur Khaled Mnif, chef du service de réanimation à l’hôpital pour enfants Béchir Hamza et président de l’Association tunisienne de pédiatrie, a lancé une alerte sanitaire ferme concernant la persistance de pratiques traditionnelles de scarification chez les nourrissons. 

Des risques graves pour la santé des nourrissons

Dans une déclaration accordée lundi 15 décembre 2025 à Mosaïque FM, le médecin a souligné les risques médicaux majeurs associés à ces gestes ancestraux, souvent réalisés en dehors de tout cadre hygiénique et sans fondement scientifique avéré.

La scarification, consistant à pratiquer des incisions cutanées chez le nourrisson à des fins prétendument thérapeutiques ou prophylactiques, expose l’enfant à un risque hémorragique, selon Dr Mnif, sans parler de la menace infectieuse, notamment celle du tétanos, pathologie grave causée par la bactérie Clostridium tetani. 

Cette dernière prolifère dans des environnements anaérobies et pénètre l’organisme par des plaies contaminées. Or, comme l’a rappelé le spécialiste, le calendrier vaccinal ne permet une protection complète contre le tétanos qu’à partir de plusieurs rappels, les nourrissons ne bénéficiant pas encore d’une immunisation pleinement efficace. L’utilisation d’outils non stérilisés, fréquemment observée dans ces pratiques traditionnelles, constitue ainsi un facteur de risque majeur.

Tétanos et altérations immunitaires : les conséquences de la scarification

Selon les données cliniques rapportées par le chef du service de réanimation pédiatrique, plusieurs cas de tétanos néonatal ou infantile ont été récemment pris en charge dans les hôpitaux tunisiens. Ces infections graves ont été directement imputées à des actes de scarification réalisés dans des conditions d’asepsie inexistantes.

Par ailleurs, le professeur Mnif a mis en lumière les conséquences immunologiques de ces lésions cutanées. Les plaies induites par la scarification peuvent entraîner une altération transitoire mais significative des globules blancs, éléments centraux du système immunitaire. Cette baisse des défenses naturelles rend l’organisme du nourrisson plus vulnérable aux infections bactériennes opportunistes, susceptibles d’évoluer vers des septicémies ou des complications systémiques graves.

Face à ces constats, il a appelé à une sensibilisation accrue des familles et des acteurs communautaires. Le recours à des pratiques traditionnelles non validées scientifiquement, lorsqu’il concerne des populations aussi vulnérables que les nourrissons, constitue en effet un enjeu de santé publique. 

Un phénomène enraciné malgré les alertes répétées

L’alerte formulée par le professeur Mnif ne constitue toutefois pas un signal inédit. Elle s’inscrit dans une continuité de mises en garde répétées par les professionnels de santé face à une pratique dont les conséquences dramatiques sont documentées depuis des années en Tunisie. 

Plusieurs affaires emblématiques — celle du décès du jeune Rayen, sept ans, victime d’une guérisseuse — rappellent la persistance de ces violences infligées aux enfants sous couvert de soins traditionnels. 

Comme l’ont souligné des spécialistes en néonatologie, ces gestes peuvent entraîner hémorragies, infections sévères, séquelles physiques et traumatismes psychologiques durables, sans pour autant faire l’objet d’un suivi judiciaire systématique. La récurrence de ces drames, y compris chez des familles instruites et socialement favorisées, démontre que la scarification, entre autres pratiques, demeure un phénomène profondément enraciné, insuffisamment combattu par les dispositifs de prévention et de protection de l’enfance. 

N.J

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