Quinze ans après la Révolution, l’économie en alerte rouge : Aram Belhaj fait parler les chiffres

À l’heure où la Tunisie fête les quinze ans de la Révolution avec les soutiens du chef de l’État réclamant souveraineté nationale et un Kaïs Saïed ad vitam aeternam, l’économiste Aram Belhadj a dressé un état des lieux alarmant de la situation économique du pays, fondé sur les derniers indicateurs officiels. 

Pour l’expert le constat est sans équivoque. Dans une publication sur Facebook mercredi 17 décembre 2025, il a avancé qu’ au cours des cinq dernières années, l’économie tunisienne avait connu une détérioration continue, malgré l’amélioration de certains indicateurs à court terme. Cette tendance est d’autant plus préoccupante, selon ses dires, si lorsqu’on compare la situation actuelle à celle qui prévalait avant le 17 décembre 2010. 

Il a, dans ce contexte, avancé un ensemble d’indicateurs officiels, repris de la Banque mondiale, de la Banque centrale de Tunisie (BCT) et de l’Institut national de la statique (INS) : 

• Taux de croissance : de 4,7% en 2021 à 2,6% prévu fin 2025.

• Taux d’inflation : de 5,7% en 2021 à 5,7% prévu fin 2025.

• Taux de chômage parmi les jeunes : de 40% en 2021 à 36,8% prévu fin 2025.

• Évolution du volume des exportations : de 11,9% en 2021 à 8,8% prévu fin 2025.

• Déficit commercial : de 16 210,7 millions de dinars en 2021 à près de 22 000 millions de dinars prévu fin 2025.

• Déficit courant en pourcentage du PIB : de 5,9% en 2021 à 2,7% prévu fin 2025.

• Réserves en devises : de 8,1 milliards de dollars à 8,5 milliards de dollars prévu fin 2025.

• Déficit budgétaire : de 7,7% en 2021 à 5,7% prévu fin 2025.

• Endettement public en pourcentage du PIB : de 79,3% en 2021 à 84,9% prévu fin 2025.

• Taux d’investissement en pourcentage du PIB : de 14% en 2021 à 15,5% prévu fin 2025.

• Taux de change moyen : de 2,88 contre le dollar et 3,28 contre l’euro en 2021 à 2,9 et 3,44 prévus fin 2025.

Face à ce tableau, certains gains économiques peuvent toutefois être relevés. Parmi ceux-ci, « la rupture avec la domination d’une seule famille sur les principaux leviers économiques » constitue un changement notable. Par ailleurs, certaines activités ont pu retrouver, partiellement, leurs niveaux de performance antérieurs grâce à un contexte économique mondial favorable, selon Aram Belhadj.

« L’économie tunisienne reste marquée par l’opacité du climat politique et un environnement des affaires incertain, freinant l’investissement et l’innovation. L’absence de planification stratégique à long terme et la faiblesse des politiques publiques limitent la capacité du pays à engager des réformes structurelles profondes. Parallèlement, l’économie demeure fondamentalement classique, caractérisée par une forte intervention de l’État, souvent inefficace, des secteurs à faible valeur ajoutée, une main-d’œuvre à bas coût et une capacité limitée à innover et à se renouveler », a-t-il expliqué. 

N.J