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Soins trop chers, couverture trop faible : quand les ménages paient le prix des défaillances de l’État

Par Nadya Jennene

À l’occasion de la Journée mondiale de la couverture santé universelle, célébrée cette année sous le thème « Des soins trop chers et inabordables », l’Association tunisienne de défense du droit à la santé (ATDDS) a organisé une conférence-débat consacrée à l’état de la couverture santé en Tunisie.

Un système de santé de plus en plus financé par les ménages

Les échanges ont dressé un constat alarmant de la situation du système de santé tunisien. Selon les données présentées dans un communiqué de presse diffusé lundi 15 décembre 2025, les dépenses directes des ménages en matière de santé dépassent aujourd’hui 40% des dépenses totales de santé. Une charge financière jugée excessive, qui contraint de nombreux citoyens, y compris ceux disposant d’une couverture santé, à recourir à des services de santé payants, au détriment de leur pouvoir d’achat et au détriment des catégories sociales les plus vulnérables.

Selon la même source, près d’un cinquième de la population, soit environ 2,27 millions de personnes (2024), ne bénéficie d’aucune couverture santé. Parmi elles figurent des groupes particulièrement vulnérables, tels que les enfants, les personnes âgées, les ouvrières agricoles et les personnes en situation de handicap sévère.

Le financement du système de santé a également été pointé du doigt. La part du budget du ministère de la Santé dans le budget général de l’État stagne depuis une dizaine d’années autour de 5,5%, loin de l’objectif de 8% annoncé à deux reprises, notamment en 2008 dans une résolution de l’Organisation mondiale de la santé et en 2022 dans le cadre du Projet d’appui à la performance du ministère. De son côté, la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) peine à honorer ses engagements envers la Pharmacie centrale et les prestataires publics, en raison de la crise financière que traversent les caisses sociales.

Couverture universelle en panne, promesses sans effets

Ni l’amélioration de la qualité des services, ni la réduction du fardeau financier supporté par les usagers, ni l’extension de la couverture aux populations exclues n’ont connu d’avancées significatives, d’après les organisateurs. Le décret présidentiel d’octobre 2024 relatif à la couverture sociale des ouvrières agricoles a notamment été cité comme un exemple de texte resté sans application, faute de décrets d’exécution.

Face à ce constat, les débats ont insisté sur la nécessité de mettre en place une stratégie de plaidoyer coordonnée et inclusive, associant l’ensemble des acteurs concernés, afin d’atteindre les objectifs de la couverture santé universelle à l’horizon 2030.

N.J. D’après communiqué

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Commentaire

  1. Judili58

    18 décembre 2025 | 13h48

    Cela fait plus de 20 ans que l’état s’est désengagé du financement du soin. En 2003 l’état a créé la CNAM et lui a réservé 6,75% du salaire brut de tous les salariés. Force est de constater que nous sommes devant un échec cuisant. Les causes sont multiples. Néanmoins la part des ménages dans les dépenses de soins qui est de 40% ne doit pas nous laisser insensibles car elle cache une autre amère réalité : l’existence d’une médecine à deux vitesses. Si on a les moyens on peut se soigner à l’inverse si on n’a pas suffisamment de moyens se soigner devient très difficile. Cette discrimination devant la maladie est insupportable pour un citoyen qui a payé durant tout sa vie active 6,75% de son salaire pour satisfaire à ses besoins de soins .