L’écrivain et scénariste tunisien Abdelkader Ben Elhaj Nasr a annoncé, dans une lettre ouverte adressée au président de la République, vendredi 19 décembre 2025, être frappé d’une interdiction de voyage, se disant ainsi « prisonnier à l’intérieur des frontières de son pays ».
Dans ce texte au ton alarmé, l’auteur affirme être le premier écrivain tunisien à subir une telle mesure depuis le 25 juillet 2021, date marquant le tournant politique amorcé par le président Kaïs Saïed. Il évoque une décision qu’il considère comme une atteinte directe aux créateurs et aux intellectuels.
Selon Abdelkader Ben Elhaj Nasr, cette interdiction l’a empêché de se rendre à Paris, où devait débuter le tournage d’un film documentaire de long métrage retraçant son parcours littéraire, intellectuel et artistique. Le projet, qui devait être réalisé avec une équipe de tournage devant l’Université de la Sorbonne, avait bénéficié, affirme-t-il, d’importants efforts de coordination avec des institutions universitaires et culturelles françaises, notamment avec l’appui du Centre culturel français.
Dans sa lettre, l’écrivain exprime son regret vis-à-vis du réalisateur et de la cadreuse mobilisés pour ce projet, tout en dénonçant ce qu’il qualifie de « plus grand paradoxe » : après des décennies de publications consacrées à l’histoire, à la terre et à l’amour du pays, son « plus grand hommage » serait aujourd’hui, selon ses termes, une assignation de fait à résidence à l’intérieur de son propre pays.
Abdelkader Ben Elhaj Nasr élargit par ailleurs son propos à la situation de la culture en Tunisie. Il accuse certaines parties d’avoir œuvré à la suppression de la Fête nationale de la culture de la liste des fêtes officielles, estimant qu’il s’agit d’une tentative de rupture entre le chef de l’État et les milieux culturels, artistiques et intellectuels, une rupture qu’il juge vouée à l’échec.
Concluant sa lettre, l’écrivain affirme s’adresser directement au président de la République afin de l’alerter sur ces dérives, dénonçant ce qu’il qualifie de « forces obscurantistes ennemies de la culture, de la pensée et de la création », et estimant que toute atteinte à la souveraineté et à la stabilité du pays serait, selon lui, vouée à l’échec.
S.H











