L’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (Utap) a tiré la sonnette d’alarme sur la situation du secteur agricole et halieutique, à l’issue de la réunion du Conseil des régions tenue le vendredi 19 décembre 2025. La rencontre s’est déroulée sous la présidence de Moez Ben Zaghden, président de l’organisation, dans un contexte marqué à la fois par les célébrations du quinzième anniversaire de la Révolution tunisienne du 17 décembre 2010 et par des inquiétudes croissantes quant à l’avenir de l’agriculture nationale.
Attachement à l’État et appel à une « révolution agricole »
Dans son communiqué, l’Utap souligne que ses structures, ses adhérents, ainsi que l’ensemble des agriculteurs et pêcheurs, réaffirment leur attachement à l’État national et à sa souveraineté. L’organisation renouvelle également son appel à une « révolution agricole » à même de garantir la sécurité alimentaire du pays et de renforcer son rayonnement régional et international, à travers une agriculture moderne, développée et respectueuse de la dignité de l’agriculteur et du pêcheur.
« Nous réaffirmons notre attachement à notre État national et à sa souveraineté, et appelons à une révolution agricole garantissant la sécurité alimentaire de la Tunisie et la dignité de l’agriculteur et du pêcheur », souligne l’Utap.
L’organisation insiste sur la nécessité de reconnaître les sacrifices consentis par les professionnels du secteur, leur persévérance et leur attachement à la terre, malgré des conditions souvent difficiles.
Un constat critique sur les politiques agricoles actuelles
Après examen de la situation des saisons agricoles dans les différentes régions du pays, l’organisation dresse un constat sévère. Elle estime que la réalité actuelle du secteur agricole, tout comme les mesures mises en œuvre, ne sont pas à la hauteur des attentes des agriculteurs et ne traduisent pas une vision claire au plus haut niveau de l’État.
Selon l’Utap, l’enjeu stratégique de la sécurité alimentaire nationale exige davantage de responsabilité, une meilleure anticipation et des décisions plus audacieuses pour accompagner les agriculteurs sur le terrain.
Engrais, financement et sauvetage de la saison oléicole
Parmi les revendications prioritaires figure la nécessité d’assurer la disponibilité des engrais chimiques, notamment le nitrate d’ammonium, indispensable au bon déroulement de la saison des grandes cultures. Cette demande intervient alors que les agriculteurs ont accueilli favorablement les récentes précipitations et nourrissent l’espoir d’une saison prometteuse, à condition que les intrants agricoles soient disponibles dans les délais requis.
L’Utap appelle également à un financement urgent et adapté des agriculteurs, couvrant l’ensemble des étapes de la saison oléicole, en particulier la récolte, la transformation et le stockage. Elle exhorte les banques et les institutions financières à assumer pleinement leur responsabilité nationale afin d’assurer la réussite des campagnes agricoles actuelles et futures.
Concernant l’huile d’olive, l’organisation invite l’autorité de tutelle à prendre des mesures exceptionnelles pour sauver la saison en cours. Elle propose que le Conseil national de l’huile soit maintenu en session permanente afin de suivre le déroulement de la récolte et de la transformation, dans un contexte marqué par la baisse des prix dans la majorité des zones de production.
Enfin, l’Utap plaide pour la réactivation du rôle national de l’Office de l’huile, à travers l’augmentation progressive des quantités acceptées à l’achat et la fixation de prix jugés équitables et incitatifs pour les agriculteurs, afin de soutenir le secteur et de préserver un pilier essentiel de l’économie agricole tunisienne.
I.N.










