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«Les pharmacies ne seront pas le bouc-émissaire du dysfonctionnement du système », avertit le Spot

Par Imen Nouira

Le Syndicat des pharmaciens d’officine de Tunisie (Spot) a tiré, lundi 22 décembre 2025, un signal d’alerte rouge : face aux retards de paiement de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) et au non-enregistrement des factures, le secteur pharmaceutique est confronté à une crise sans précédent qui menace l’accès des citoyens aux médicaments, la pérennité des officines et la stabilité du système de santé.

Le Spot a publié, le même jour, un communiqué dans lequel il exprime ses inquiétudes face à la gestion de la Cnam et les conséquences de la crise financière qui touche le secteur pharmaceutique.

Le syndicat souligne que, malgré la tenue prochaine d’une réunion de travail avec la Cnam, sous la supervision du ministère des Affaires sociales, la confiance entre les parties a été profondément érodée. « La Cnam a continué, malheureusement, de miner la confiance en ne procédant pas à l’enregistrement comptable des factures émises par les pharmaciens au cours du mois écoulé. Un acte grave et inacceptable, qui ne peut être interprété que comme une tentative de masquer l’ampleur réelle des dettes avant cette réunion », lit-on dans le communiqué.

Le syndicat insiste sur l’impossibilité de poursuivre un partenariat sérieux dans un climat où « la confiance est détruite et les engagements dépourvus de contenu », tout en précisant qu’il se rendra à cette rencontre sans conditions préalables, mais avec trois principes fondamentaux :

  1. Garantir la disponibilité effective et continue des médicaments, pour protéger le droit du citoyen à l’accès aux soins.
  2. Assurer la pérennité du secteur pharmaceutique, en sauvegardant la dignité des pharmaciens et leur capacité à remplir leur rôle de santé publique, notamment par l’exécution complète du sixième avenant de l’accord sectoriel.
  3. Maintenir la stabilité de la Caisse nationale d’assurance maladie, à l’abri des mesures ponctuelles ou des solutions de fortune qui pourraient menacer son équilibre et sa crédibilité.

Le Spot avertit que les pharmaciens ne doivent pas être considérés comme le maillon faible de la chaîne et dénonce toute tentative de leur faire supporter le coût des dysfonctionnements qui ne leur sont pas imputables. Il rappelle également que toutes les parties impliquées sont responsables des conséquences de cette situation sur le système de santé et sur l’accès aux médicaments pour les citoyens.

Un contexte de tensions persistantes

Cette nouvelle prise de position du Spot s’inscrit dans un contexte de conflit prolongé entre les pharmaciens et la Cnam. Le 15 décembre 2025, le syndicat avait déjà publié un communiqué pour clarifier sa position suite à la suspension du tiers payant, une mesure imposée par l’absence de cadre légal clair, les retards de paiement récurrents et l’absence de garanties ou de programme précis.

Le Spot avait alors insisté sur le fait que cette suspension ne visait pas à pénaliser les citoyens mais résultait des dysfonctionnements du système, qui mettent en danger la sécurité pharmaceutique et fragilisent une profession déjà éprouvée par des politiques financières et réglementaires défaillantes. Le syndicat avait également pointé du doigt la présidence du gouvernement, ainsi que les ministères des Affaires sociales et de la Santé, accusés de ne pas avoir assumé leurs responsabilités malgré les alertes répétées.

Cette crise est née de l’échec des négociations entre le Spot et la Cnam concernant les retards de paiement des créances des pharmaciens. Après l’annonce de la suspension du tiers payant, effective depuis le 8 décembre 2025, la Cnam avait mis en place une mesure exceptionnelle permettant aux assurés sociaux de se faire rembourser les frais de médicaments avancés dans les pharmacies privées.

Le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens de Tunisie (CNOPT) avait, de son côté, déploré les répercussions immédiates sur l’accès aux soins, notamment pour les patients à faibles revenus, tout en comprenant la décision des pharmaciens, confrontés à des retards de paiement atteignant parfois 150 jours, alors que l’accord initial prévoyait un règlement sous quatorze jours. Ces délais prolongés ont fragilisé la trésorerie des officines, compliqué le règlement des fournisseurs et de la Pharmacie centrale tunisienne (PCT), et mis certaines officines, notamment dans les régions de l’intérieur, en risque de faillite.

Une crise qui menace la souveraineté médicamenteuse

Depuis plusieurs mois, les pharmaciens alertent sur l’accumulation des créances impayées et les effets néfastes sur la chaîne du médicament. Selon eux, cette situation constitue une véritable crise structurelle qui met en péril la souveraineté médicamenteuse du pays et l’accès des citoyens aux soins essentiels.

Le communiqué du 22 décembre 2025 marque ainsi un nouveau rappel à l’ordre des autorités et souligne l’urgence de rétablir un cadre stable et fiable pour garantir la continuité du service pharmaceutique en Tunisie, tout en protégeant les droits des patients et la pérennité des officines.

I.N.

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Commentaire

  1. Judili58

    22 décembre 2025 | 21h04

    Première victime de la défaillance de la CNAM : l’assuré social qui a déjà été privé du système « tiers payant » en attendant d’être privé du système « prise en charge ». C’est à se demander que restera t il des prestations de l’assurance pour laquelle on nous prélève 6,75% de nos salaires bruts.l’effondrement du système entraînera une baisse d’activité des professionnels de soins et donc de leurs revenus. Il ne leur restera que l’exode ou les pratiques perverses. Entre temps l’ETAT détourne la tête!!!!