Heure de Tunis :
Plus de prévisions: Meteo 25 jours Paris
Light
Dark

La démission de Noureddine Taboubi suscite des réactions révélatrices d’une crise profonde

Par Nadya Jennene

L’annonce officielle de la démission de Noureddine Taboubi de son poste de secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a suscité une vague de réactions. Déposée mardi 23 décembre 2025 au bureau d’ordre de la Centrale syndicale, cette démission, confirmée par Sami Tahri, secrétaire général adjoint de l’organisation, intervient dans un contexte marqué par une crise interne profonde et des tensions structurelles inédites.

Depuis plusieurs mois, l’UGTT est en effet en proie à des dissensions internes aiguës, alimentées par des désaccords sur la tenue du congrès, la date de celui-ci, ainsi que sur la grève générale prévue pour le 21 janvier 2026. Ces divergences ont progressivement dégénéré en une véritable guerre d’influence entre composantes de la centrale, fragilisant son unité et sa gouvernance. L’organisation est minée de l’intérieur avec un pouvoir qui souffle sur les braises, puisque plusieurs cadres de l’UGTT ont adhéré au processus du 25-Juillet.

Dans la foulée de l’annonce, les réactions ne se sont pas fait attendre. Entre lecture politique, inquiétude syndicale et colère militante, plusieurs voix — syndicalistes, députés et journalistes, entre autres — se sont exprimées révélant la profondeur de la fracture qui traverse actuellement la centrale syndicale.

Pour certains, la démission de Noureddine Taboubi apparaît comme une issue prévisible. « La démission de Taboubi est naturelle et attendue », estime ainsi Samir Jarray, soulignant que « le groupe qui s’était engagé avec lui (Noureddine Taboubi, ndlr) au sein de la précédente instance administrative a renié ses accords concernant l’avancement du congrès ». Il a rappelé également que « plus de dix structures syndicales et dix-huit secteurs avaient menacé de rompre toute relation avec le bureau exécutif si la date de mars n’était pas respectée ». Selon son analyse, « la crise prend désormais un nouveau tournant, avec des répercussions directes sur la grève générale et sur l’unité même de l’UGTT». Il a conclu en exprimant « de sérieuses craintes de dislocation si la situation n’est pas rapidement maîtrisée ».

D’autres réactions, plus virulentes, ont adopté un ton alarmiste. « La destruction de l’UGTT sera une malédiction qui vous poursuivra à jamais, un à un », a écrit Jilani Hammami, figure de la gauche, dans un post sur sa page Facebook, ajoutant : « L’Histoire retiendra vos noms associés à un crime impardonnable ». 

Une lecture plus nuancée et analytique a également émergé. Selon le journaliste Fahem Boukadous la démission de Nouredine Taboubi « revêt un caractère inédit dans l’histoire de l’organisation, mais elle tire également sa portée du contexte national particulièrement sensible dans lequel elle intervient, ainsi que des significations qu’elle véhicule, dépassant largement sa dimension strictement organisationnelle pour soulever des interrogations plus profondes quant à l’avenir de l’UGTT et à son rôle dans un paysage national traversé par des crises multiples et imbriquées. »

À son sens « la démission du secrétaire général ne marque pas la fin d’un parcours, mais ouvre un carrefour stratégique : celui d’un possible repli sous la pression des circonstances, ou, à l’inverse, d’une reconquête de l’initiative historique, transformant la crise actuelle en opportunité de renouveau, à la hauteur d’une organisation qui a façonné, et continue de façonner, l’un des piliers essentiels de l’espace public tunisien. » 

Hachemi Nouira a, lui, présenté une lecture historique et structurelle rejetant toute approche réductrice de la démission de Noureddine Taboubi. Il a, notamment, mis en garde contre les conséquences profondes qu’aurait l’affaiblissement de la centrale syndicale sur la cohésion nationale, rappelant le rôle fondamental de l’UGTT comme pilier de la stabilité de l’État, espace de pluralisme, et mécanisme de régulation des contradictions sociales depuis l’indépendance.

« À ceux qui ignorent l’histoire, il convient de rappeler qu’il s’agit de la première fois qu’un secrétaire général de la plus ancienne et de la plus emblématique organisation ouvrière de Tunisie, et d’Afrique, présente sa démission en raison d’une crise que l’on s’efforce de réduire à une simple affaire interne. Jusqu’à présent, les seuls précédents relevaient de démissions imposées par le pouvoir politique à certains de ses dirigeants. À ceux qui méconnaissent l’histoire, ou qui se révèlent incapables de la lire, il faut dire clairement ceci : avec un éventuel démantèlement de l’Union, la Tunisie perdrait un véritable système d’immunité collective, celui qui a garanti la continuité de la vie nationale durant plusieurs décennies depuis l’indépendance. À ceux qui s’emploient délibérément à occulter l’histoire, il faut rappeler que l’affaiblissement de l’UGTT priverait le pays de l’espace protecteur qui, au fil des crises traversées par la Tunisie, a assuré la pérennité de la pensée libre, le droit à la divergence et les fondements mêmes d’une société démocratique à laquelle aspirent tous les Tunisiens (…) », a-t-il noté. 

À ce stade, aucune position officielle n’a encore été arrêtée quant à l’acceptation ou au rejet de cette démission par le bureau exécutif de l’UGTT, laissant planer une incertitude institutionnelle lourde de conséquences.

N.J

Subscribe to Our Newsletter

Keep in touch with our news & offers

3 commentaires

  1. Ancien.Elu.de.la.republique.francaise.assil.errif

    23 décembre 2025 | 16h59

    Mr Kais Saïed, depuis longtemps je vous ai demandé, il faut nettoyer et désinfecter en même temps la République tunisienne des cupides, des traîtres, des criminels, des islamistes, des corrompus etc , j’ai un message au peuple tunisien, je vous demande de patienter encore un peu, je vous assure la Tunisie se remettra sur les fin 2026 , le 13 février 2022 à paris j’ai fait un interview avec MR ridha kherouida j’avais dis au peuple tunisien, il faut patienter encore un peu, mon interview a atteint 147 milles vues sur 216 TV Facebook
    Cordialement assil Errif d’origine tunisienne de père en fils

  2. Ancien.Elu.de.la.republique.francaise.assil.errif

    23 décembre 2025 | 16h43

    il finira en prison, il va récolter se qu’il a semé

  3. ZARZOUMIA

    23 décembre 2025 | 16h25

    pas trop tôt ! un audit D’AMOPLEUR ne lui fera pas de mal.