La députée Fatma Mseddi a formellement démenti l’authenticité d’un document ayant largement circulé sur les réseaux sociaux entre le 23 et le 24 décembre 2025 et qui lui est attribué. Elle affirme qu’il s’agit d’un document falsifié, rédigé et diffusé sans son consentement, et annonce son intention d’engager des poursuites judiciaires contre son auteur.
Selon ses déclarations, Fatma Mseddi ne reconnaît ni le contenu ni l’origine de cette correspondance supposément adressée au président de la République, Kaïs Saïed. Elle accuse nommément un certain Makhlouf Boulbeba de « faux et de falsification » d’un document signé à son nom, dénonçant une tentative de manipulation politique et médiatique.

Un document controversé largement relayé
Le document en question, diffusé sur les réseaux sociaux, se présentait comme une lettre adressée par la députée au chef de l’État, dans laquelle elle mettait en cause son collègue Ahmed Saidani pour des comportements jugés « suspects ». Le texte évoquait notamment un supposé changement d’orientation politique, des critiques formulées en privé à l’encontre de l’institution présidentielle, ainsi que des tentatives présumées de constituer un noyau d’opposition interne au sein de l’Assemblée.
Dans cette lettre, attribuée à Fatma Mseddi, Ahmed Saidani était décrit comme un député ayant « changé sa boussole politique depuis un certain temps » et ne respectant plus « la ligne de la majorité sur laquelle le peuple nous a élus ». Le document dénonçait un comportement « suspect, basé sur la diffusion de doutes, la provocation subtile et la tentative de recruter d’autres députés pour former un noyau d’opposition interne ».
Le texte allait plus loin, affirmant que le député aurait, à plusieurs reprises, « tourné en dérision l’institution présidentielle et méprisé le symbole de l’État lors de séances privées », pensant que ces propos resteraient sans conséquence.
La correspondance appelait également le président de la République à « intervenir dans le cadre permis par la loi et le règlement intérieur » afin de « contenir ce parcours, isoler ce comportement et empêcher qu’il ne se transforme en une situation organisée pouvant nuire à l’État et à la dignité de ses institutions », assimilant ainsi un désaccord politique à une menace institutionnelle.
Pour sa part, Ahmed Saidani s’est récemment montré critique à l’égard du président et de son entourage, pointant des défaillances de gouvernance sans jamais remettre en cause la légitimité du pouvoir en place.
Un style de délation d’écolier
La forme et le ton de ce document avaient suscité de nombreuses réactions, certains observateurs y voyant un retour à des pratiques de délation politique rappelant des méthodes que l’on croyait révolues depuis la Révolution de 2011.
Très formel dans sa structure, le texte se distinguait par un ton étonnamment scolaire. On y lisait notamment : « Je n’écris pas par animosité, mais par responsabilité », une formulation évoquant davantage une justification maladroite qu’un acte politique assumé. La lettre, saturée d’emphase et de formules honorifiques telles que « j’ai grande confiance en votre sagesse », donnait l’image d’un mélange déroutant de servilité et de dénonciation.
R.B.H









