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Lois parties en fumée


 


 


 


Par Nizar BAHLOUL

Le quotidien tunisien Le Temps s’interroge dans sa Une du 4 février si la loi antitabac serait partie en fumée.
La question mérite d’être posée dans la mesure que ladite loi n’est a priori appliquée nulle part. Le tabac fait légion aussi bien dans les administrations, que les banques et entreprises privées et même dans les gares et aéroports. Et on ne parle pas des clients et visiteurs, mais des agents mêmes de ces organismes. Il se trouve cependant que cette loi est loin d’être la seule à ne pas être appliquée.
Remarquez autour de vous : combien sur cent automobilistes respectent le code de la route ? Combien de salon de thé n’appliquent pas la vente conditionnée ? Combien de commerces n’ont pas envahi le trottoir et même la parcelle de chaussée devant leur local ?
Si l’on s’amuse à calculer le nombre de lois non appliquées et parties en fumée, comme titre notre consœur, on s’y perdrait !
Même les plus grands s’y mettent. Exemple, concernant la loi de l’exclusivité. En théorie, celle-ci est interdite en Tunisie. Ceci n’a pas empêché Tunisiana d’insérer des placards publicitaires un peu partout dans les journaux et les sites web vantant le GPS qu’elle vend … en exclusivité. Je me rappelle pourtant que son nouveau directeur général, M. Yves Gauthier, a déclaré haut et fort qu’il ne ferait absolument rien d’illégal et contraire à la loi. Récemment arrivé en Tunisie, M. Gauthier ne peut pas savoir que l’exclusivité est interdite dans le pays. Autrement, il aurait arrêté cette étrange proposition de ses équipes qui n’a d’ailleurs pas grand-chose à voir avec les activités d’un opérateur GSM.
Autre exemple : la vente de carburants qui ne devrait passer que par les circuits des stations-services. Allez du côté du sud de la Tunisie et dénombrez le nombre de vendeurs d’essence et mazout sur les bords de la rue. Le circuit informel touche tous les secteurs d’activité, y compris le pétrole.
Dernier exemple : les sociétés cotées en bourse. Celles-ci se doivent de publier régulièrement leurs états financiers et de les communiquer au CMF. Combien de fois, ce gendarme (théorique) de la bourse a-t-il rappelé à l’ordre les sociétés cotées pour publier dans les délais ces états ? On en connait même une qui n’a pas publié ses comptes depuis juin 2007.
Le problème en Tunisie n’est pas du côté des lois. Celles-ci sont dignes des pays les plus développés. Notre problème est dans le respect de ces lois. S’il n’y a pas de gendarme pour sévir et sanctionner les réfractaires et récalcitrants, il n’y a plus de raison pour que les lois soient appliquées. Et si ceux qui doivent donner l’exemple ne respectent pas la loi, pourquoi les petites gens la respecteraient ?
Il est impératif que les brigades du commerce, des finances, de l’Intérieur et autres agents du CMF et de l’INT fassent davantage d’efforts pour que la loi soit respectée pour un meilleur cadre de vie dans notre pays. Il ne s’agit nullement d’accabler ces services administratifs, car (on ne le sait que trop) ils manquent terriblement d’agents. Ils sont au four et au moulin, du moins pour certains d’entre eux. Nous l’avons constaté de visu lors de reportages de terrain avec certaines de ces brigades. Renforcer ces équipes, les doter des moyens et pouvoirs nécessaires est certes coûteux, mais nous restons persuadés que le coût pour la collectivité, au final, est moindre que la non-application de la loi.

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