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Identifier de nouvelles pistes, de nouveaux concepts, de nouvelles idées !

S’il est vrai que la France est le premier partenaire économique de la Tunisie, il n’en demeure pas moins que le monde d’aujourd’hui, n’est plus celui d’hier. Et ce n’est pas parce que les deux pays entretiennent des relations privilégiées et exceptionnelles qu’il faudrait dormir sur ses lauriers. Bien au contraire, il vaudrait mieux se « remotiver », se booster et s’injecter de nouvelles idées, se fixer de nouveaux objectifs, voire de nouveaux concepts. A la veille de la visite d’Etat du président français Nicolas Sarkozy, le magazine Réalités a été précurseur en invitant un bon nombre de responsables, de cadres et d’opérateurs économiques afin de réfléchir ensemble à l’avenir des relations Tuniso-Françaises. Une réflexion engagée autour de la Table ronde organisée mardi 25 mars 2008 sur le thème : Le partenariat économique Tuniso-Français : Etat des lieux et perspectives ».

Ouvrant la Table ronde, M. Taïeb Zahar, directeur du magazine « Réalités », a rappelé de prime abord qu’il s’agit de la 4ème réunion organisée par sa revue sur le partenariat tunio-français.
La première, en 1995 était placée sous le signe de la « relance » ; la seconde, en 97, était focalisée sur les « nouvelles perspectives », la 3ème, en 2003 s’est focalisée autour de la célébration de l’implantation de la millième entreprise française en Tunisie. Pour cette quatrième rencontre, on peut dire qu’elle a été focalisée plutôt sur la consolidation du partenariat et la consécration d’une vision commune », comme l’a souligné un des intervenants.
En tout état de cause, les intervenants ont tenté, sans résultat, de passer outre les chiffres et le bilan de la coopération entre la Tunisie et la France. En effet, quand les relations sont aussi denses et diversifiées, avec en prime une première position dans l’écrasante majorité des domaines de partenariat, il est difficile d’occulter les chiffres et de les surpasser.
D’ailleurs, M.Zahar n’a pas manqué de rappeler que la France est le premier investisseur, hors énergie, avec entre autres 1180 entreprises françaises opérant en Tunisie. C’est aussi, le premier marché européen émetteur de touristes, avec 1,3 millions de touristes par an. La France est également notre premier partenaire commercial, avec des échanges en croissance, qui ont frisé en 2007, un volume global de plus de 10 milliards de dinars. Dans ce cas, on se demanderait pourquoi une table ronde autour de la coopération avec un pays où, le partenariat est excellent ?
A cette interrogation, le Directeur de Réalités a souligné qu’il serait intéressant de pister des nouveaux concepts, de nouvelles idées et de nouveaux chemins pour l’avenir de la coopération, à la veille de la visite qu’effectuera le président Sarkozy.
Et, à l’Ambassadeur de France à Tunis, M. Serges Degallaix de confirmer que de nouvelles idées et de nouvelles pistes de coopération ne seraient que les bienvenues à la veille de la visite d’Etat. M. Sarkozy sera en Tunisie dans un peu plus d’un mois pour s’assurer que le cap de la vitesse de croisière est maintenu et pour ouvrir de nouvelles perspectives. « Plus on avance, plus on identifie de nouveaux concepts et de nouvelles idées de nature à consolider les relations et le partenariat, déjà fort entre les deux pays », a indiqué M. Degallaix.
A examiner le bilan de la coopération entre les deux pays, on est frappé par la densité et la diversité des relations. Une densité et une diversité que rarement deux pays réussissent à entretenir. Et, l’ambassadeur n’a pu s’empêcher de mettre en évidence cette diversité et densité par les chiffres qui parlent tous seuls
Il a ainsi indiqué que 550.000 tunisiens résident en France, ce qui représente 1% de la population française et 5% de la population tunisienne. Quant aux Français résidant en Tunisie, bien qu’ils ne soient pas aussi importants en nombre, on recense quand même 25.000. Sans compter que quelque 1,3 million de Français visitent la Tunisie annuellement, avec un taux de croissance de l’ordre de 5 à 6% et que 10.000 étudiants tunisiens sont en France, représentant ainsi la troisième communauté des étudiants étrangers.
Mais les relations privilégiées entre les deux pays ne se limitent pas aux chiffres. Il y a lieu de rappeler les relations diplomatiques où le deux partenaires ont des visions communes sur plusieurs questions internationales dont essentiellement le soutien apporté par la Tunisie à l’idée prônée par le Président français, « l’Union Pour la Méditerranée ».
Une union pour laquelle, les deux pays peuvent jouer un rôle central dans la région Méditerranéenne », a déclaré M. Degallaix.
Même son de cloche du côté de M. Afif Chelbi, ministre de l’Industrie, de l’Energie et des PME, qui rappelle qu’au cours de la période 95/2007, soit avec l’entrée en vigueur de la Zone de Libre Echange avec l’Union Européenne, les échanges commerciaux globaux entre les deux pays se sont multipliées par trois, avec des exportations qui ont quadruplé passant de 800 millions d’euros, en 95 à 3200 millions d’euros, en 2007 ; et des importations qui se sont multipliées par deux, passant de 1 milliard d’euros à 2,5 milliards d’euros. Autres précisions chiffrées apportées par M. Chelbi, le nombre d’emplois créés par les entreprises françaises implantées en Tunisie qui passent de 50.000 en 95 à plus de 100.000 aujourd’hui.
Quant au nombre des entreprises à participation françaises, il est passé de 380, en 95 à 1180, aujourd’hui. Ce qui signifie automatiquement, que les IDE ont également augmenté, passant de 40 MD, en 95 à 160 MD, aujourd’hui, soit ils se sont multipliés par quatre, avec un rythme de création d’entreprise, qui est passé de 40 à 90 entreprise par an, en 2007.
Cependant, et aussi éloquents que peuvent être les chiffres, la France et la Tunisie peuvent aller encore plus loin en renforçant et en consolidant leur partenariat. Car, en dépit des bonnes relations, des chiffres exceptionnels et des relations exemplaires, les deux pays sont appelés, plus que jamais, à consolider le partenariat, à capitaliser les acquis et à renforcer davantage les relations. Il est vrai que l’héritage commun, la proximité et les affinités culturelles entre les deux peuples est un atout considérable, « mais on a besoin de faire plus et on peut le faire », a déclaré l’ambassadeur de France.
En tout état de cause, les deux pays sont conscients qu’il y a aujourd’hui de nouveaux concurrents, dont la Chine qui envahit l’Afrique et le reste du monde. Il y a également les pays du Golfe qui gagnent du terrain en Afrique du Nord.
Aussi, il est impératif de réfléchir aux perspectives des relations Tuniso-Françaises en abordant les problèmes existants et en consolidant l’acquis.
Il y a ainsi le problème de la langue française qui perd du terrain et dont la qualité est affectée. Dans ce contexte, M. Degallaix propose de trouver un moyen pour promouvoir la langue, qui reste un moyen de communication important. Autre défi à relever ensemble, la circulation des personnes qui rencontre toujours des obstacles. Il et vrai, a précisé l’ambassadeur que la situation change aussi bien au nord qu’au Sud et il faudrait œuvrer à suivre la tendance de ces changements législatifs et démographiques, qui par ailleurs, créent des réseaux et des forces économiques non négligeables. Enfin, l’ambassadeur a évoqué les relations commerciales, car rien n’est jamais acquis, même si la France exporte vers la Tunisie beaucoup plus qu’en Algérie ou au Maroc. L’ambassadeur n’oublie pas les fonds du Golfe qui donnent une nouvelle dimension du marché tunisien et « nous sommes appelés à travailler ensemble pour que ces fonds soient les plus bénéfiques au développement de la Tunisie », a-t-il indiqué.
Pour M. Chelbi, les deux pays peuvent faire mieux en consolidant leurs relations et ce en tenant compte de deux phénomènes récents d’une grande importance. D’abord, la relocalisation de grands groupes français, de l’Europe de l’Est vers la Tunisie. Un phénomène qui s’accélèrera suite à l’adhésion de ces pays à l’Union Européenne. Ensuite, l’arrivée massive des investissements du Golfe qui présentent une opportunité de taille pour la Tunisie, certes, mais aussi pour ses partenaires européens et notamment français. Mais encore, il ne faut pas omettre les objectifs fixés par la Tunisie dans ses différents plans de développement et où la France peut jouer un rôle important. Enfin, le projet de l’Union pour la Méditerranée, qui se présente comme un projet gagnant/gagnant.
Le Président de la Chambre Tuniso-Françaises du Commerce et de l’Industrie, M. Foued Lakhoua, a tenu quand même à préciser que la qualité du partenariat et des investissements français en Tunisie, ont connu une mutation considérable. « C’est fini les investissements basés uniquement sur une main d’œuvre low cost, a-t-il indiqué. Aujourd’hui, les entreprises françaises comptent sur les compétences tunisiennes, à qui elles font confiance. La présence d’entreprise aussi sophistiquées que celles opérant dans l’aéronautique, par exemple, en témoigne clairement. Il a également tenu à souligner que les investissements engagés dans les extensions, par les entreprises françaises implantées en Tunisie ont été 3,5 fois supérieurs au montant des nouvelles créations. Ce qui témoigne, a-t-il ajouté, que les opérateurs français ont une réelle confiance dans le climat des affaires tunisien. »

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