Lauréate du Prix Nobel de la Paix 2025, María Corina Machado est devenue, à 57 ans, l’un des symboles les plus forts de la résistance démocratique en Amérique latine. Ingénieure de formation, femme politique par conviction, elle incarne depuis plus de vingt ans la voix d’un Venezuela qui refuse la peur et réclame le retour de la liberté.
Une ingénieure devenue dissidente
Née à Caracas en 1967, María Corina Machado a grandi dans une famille aisée, mais c’est dans le tumulte politique des années 2000 qu’elle s’impose. Diplômée de l’Université catholique Andrés Bello et formée à Yale, elle aurait pu poursuivre une carrière confortable dans le privé. Mais la dérive autoritaire du Venezuela l’a poussée à s’engager. En 2002, elle cofonde Súmate, une ONG vouée à la transparence électorale et à la défense du vote libre.
Dès lors, le ton est donné : Machado choisit la voie de la citoyenneté active, quitte à s’attirer les foudres du pouvoir.
L’ennemie politique de Chávez et Maduro
Son franc-parler et sa fermeté dérangent. Élue députée en 2010, elle devient une figure de l’opposition au Parlement. Elle dénonce sans relâche la corruption, la répression et la mainmise du pouvoir sur la justice.
En 2014, après avoir dénoncé les violations des droits humains devant l’Organisation des États américains, elle est destituée de son mandat.
L’épisode la transforme en symbole : privée de tribune, elle gagne en stature morale. Là où d’autres choisissent l’exil, elle reste, assumant pleinement son rôle d’opposante dans un pays où la contestation se paie souvent cher.
Vente Venezuela, un parti pour reconstruire le pays
Refusant la résignation, elle fonde en 2013 le mouvement Vente Venezuela, qui se veut libéral, républicain et profondément attaché aux valeurs démocratiques.
Machado sillonne alors un pays en crise, multiplie les réunions locales et s’adresse directement aux citoyens, contournant les médias contrôlés. Sa ligne est claire : ni compromis ni violence.
Sa position sur la guerre à Gaza
Au sujet de la guerre israélo-palestinienne, María Corina Machado a affiché une position clairement favorable à Israël, surtout après les attaques du 7 octobre 2023. Elle avait alors exprimé sa solidarité avec le peuple israélien et condamné sans équivoque les actions du Hamas, qualifiées d’actes terroristes.
En avril 2024, elle a également réagi à l’assaut iranien contre Israël, dénonçant l’alliance entre l’Iran et le gouvernement vénézuélien comme « une menace globale ».
Par ailleurs, son parti, Vente Venezuela, a signé en 2020 un accord de coopération avec le Likud, le parti de droite israélien, portant sur des questions de stratégie, de géopolitique et de sécurité — signe d’une proximité politique assumée.
Toutefois, la lauréate du prix Nobel de la paix 2025 n’a jamais condamné avec la même vigueur les attaques israéliennes contre Gaza ni les pertes civiles qu’elles ont provoquées, privilégiant dans son discours une lecture axée sur la lutte contre le terrorisme.











