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La LTDH empêchée de rendre visite à Issam Chebbi

Par Sarra Hlaoui

Une nouvelle entrave à l’action des défenseurs des droits humains a suscité de vives réactions dans les milieux politiques et associatifs. Selon un appel urgent publié par le parti Al Joumhouri, une délégation de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) s’est vue empêchée de rendre visite à l’opposant politique Issam Chebbi, détenu et en grève de la faim depuis plusieurs jours.

Cette interdiction, perçue comme une violation flagrante des libertés fondamentales, intervient dans un climat déjà tendu, marqué par la dégradation de l’état de santé de plusieurs détenus politiques en grève de la faim, dont Jaouhar Ben Mbarek, qui aurait subi des violences physiques selon sa soeur Dalila Ben Mbarek Msaddek.

Dans sa publication, le parti a dénoncé des « développements graves » et a appelé, au nom de la Coordination des familles des détenus politiques, « toutes les forces vives et les citoyens libres » à se rassembler ce soir à 18 heures au siège d’Al Joumhouri pour exprimer leur solidarité avec les grévistes et défendre « chaque voix libre face à l’injustice et à la tyrannie ».

Dalila Ben Mbarek dénonce une « scène de torture » contre son frère en détention

En larmes, l’avocate Dalila Ben Mbarek Msaddek a affirmé, mercredi 12 novembre, que son frère, Jaouhar Ben Mbarek, aurait été violemment agressé à l’intérieur de la prison sur ordre de surveillants. Selon son témoignage, les faits se seraient produits mardi après-midi, après une visite autorisée. Emmené dans une pièce sans caméras, Jaouhar Ben Mbarek aurait été frappé par plusieurs prisonniers en présence de gardiens, jusqu’à perdre connaissance. À son réveil, il présentait des ecchymoses, des égratignures et une côte fracturée.

Une plainte pour « actes de torture » a été déposée par l’avocate Hanane Khemiri auprès du procureur de la République, qui a constaté les blessures à la prison civile de Belli. Dalila Ben Mbarek évoque une « conspiration réelle » impliquant six détenus et cinq agents pénitentiaires, dénonçant des pratiques inhumaines contre un homme déjà affaibli par sa grève de la faim. Elle a exhorté les autorités à agir et lancé un cri d’alerte : « Laissez-le tranquille… laissez-le mourir en paix. »

Jaouhar Ben Mbarek poursuit sa grève de la faim pour la deuxième semaine consécutive, malgré une dégradation alarmante de son état de santé. Selon son comité de défense, il aurait subi plusieurs crises rénales et ne consommerait plus qu’un verre d’eau par jour. Les avocats dénoncent un manque de soins et un « laxisme » des autorités pénitentiaires, qu’ils jugent responsables de tout incident. En solidarité, d’autres détenus politiques, dont l’avocat Ridha Belhaj et l’opposant politique Issam Chebbi, ont également entamé une grève de la faim pour dénoncer ce qu’ils qualifient de « mascarade judiciaire » et exiger le respect du droit à un procès équitable.

Face à la mobilisation croissante et aux alertes répétées des familles et des organisations des droits humains, l’administration pénitentiaire a nié tout manquement, affirmant que la santé des détenus est suivie conformément aux protocoles médicaux. Ce démenti officiel n’a pas apaisé les inquiétudes. La société civile, à son tour, redoute une issue tragique et appelle l’État à intervenir avant que la grève de Jaouhar Ben Mbarek ne devienne le symbole d’un drame politique et humain irréversible.

S.H

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