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La libéralisation est inconcevable sans libre circulation

S’il est vrai que le secteur des services ne représente aujourd’hui que 20% du commerce mondial, son poids ne cesse de s’accroître d’autant plus qu’il pourvoit 60% des flux d’Investissement Direct Etranger (IDE) dans le monde, d’où la corrélation étroite entre IDE et services. Ce dernier est désormais appelé à se libéraliser, comme toutes les autres activités économiques, mondialisation et adhésion à l’Organisation mondiale du commerce oblige ! Une libéralisation que plusieurs sinon tous, estiment salutaire, eu égard aux gains importants générés en termes de croissance, de prospérité et de développement. Cependant, un handicap de taille se dresse à la libéralisation du secteur des services, inconcevable sans la libre circulation des personnes. L’obtention de visas vers l’Europe n’est pas chose aisée.

Les négociations sur la libéralisation des services stagnent au niveau e l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), à cause probablement de la crise financière internationale. Celles engagées entre la Tunisie et l’Union Européenne, partenaire de toujours, progressent par contre. La Tunisie, tout en étant consciente de l’importance capitale d’une telle libéralisation, s’y engage avec prudence en adoptant la politique des étapes, l’enjeu étant de taille.
En effet, le secteur des services connaît la plus forte croissance avec une contribution au PIB pouvant atteindre 70% dans certains pays, et une contribution à la création d’emplois de l’ordre de 30%. L’importance capitale du secteur et les bienfaits de sa libéralisation progressive, ne font aucun doute. Dans le cadre du cycle actuel des négociations commerciales de l’OMC, plus connu sous le non de « Programme de Doha pour le développement », les négociations portent sur tous les secteurs des services et pourraient, dans ce sens, engendrer des engagements spécifiques pour chacune de ses branches.

Cependant, au moment où les négociations dans le cadre de l’OMC stagnent, celles que la Tunisie a engagées avec l’Union Européenne, avancent. Dans tous les cas, la Tunisie est claire dans ses positions : la libéralisation, comme l’a si bien souligné Chokri Mamoghli, Secrétaire D’Etat chargé du Commerce extérieur, n’implique pas la déréglementation. Car, a-t-il précisé, « le processus d’ouverture respectera les objectifs de la politique nationale, le niveau de développement et la taille de l’économie tant d’une manière globale que dans les différents secteurs. Ce processus sera, ainsi défini de nature à préserver le tissu national, notamment dans les secteurs non réglementés ».
L’enjeu étant de taille, la libéralisation du secteur des services en Tunisie sera progressive. On ne rappellera pas que le secteur a un rôle socioéconomique de premier plan. C’est le secteur qui contribue le plus au développement et à la création d’emplois. Rien qu’en 2007, sa contribution dans la création d’emplois s’est élevée à 63% ; avec une contribution au PIB à hauteur de 57%, et aux exportations à hauteur de 26%.

La Tunisie négocie sur la base d’un certain nombre de principes, sans lesquels, on ne pourrait désormais, plus parler de libéralisation. Il s’agit tout d’abord, et en premier lieu, de la libre circulation des personnes. Il est clair que pour accorder un service, ou pouvoir en bénéficier, il faudrait être capable de se déplacer d’un pays à un autre, notamment vers l’Union européenne, notre partenaire historique, sans difficultés particulières. Or, tout le monde le sait et le déplore, la difficulté d’obtenir des visas pour les Tunisiens est telle que la libéralisation pourrait ne pas avoir de sens, et la concurrence serait, ainsi, déloyale. Car, entre ressortissants de l’UE, il n’est pas besoin d’autorisations pour se déplacer. Ce déséquilibre entrave fortement l’expansion des services vers l’Europe. Il constitue une barrière pour la libre concurrence. Plus encore, cette libre circulation des personnes, la Tunisie y tient foncièrement. Car, l’objectif du pays est justement de développer le secteur des services, d’en promouvoir les exportations, et par la même de consolider sa contribution à la croissance et à la création d’emplois.
Ensuite, vient la nécessité de la reconnaissance mutuelle des compétences professionnelles et des diplômes. Il s’agit là, d’un axe important qui permettra aux prestataires de services tunisiens de dispenser leurs services auprès des 27 Etats de l’Union européenne.
« Les négociations avancent sur cette base et sont en cours. Du côté de la Tunisie, nous sommes apte à l’ouverture et à la libéralisation mais de manière progressive. Nous avons certaines activités où nous disposons de points forts, et qui peuvent être libérés dans l’immédiat, à l’instar de la thalassothérapie, des services hospitaliers, d’ingénierie. D’autres services devraient être libérés progressivement et à un rythme moindre, à l’instar des services bancaires », devait expliquer le Secrétaire d’Etat.
En tout état de cause, l’approche tunisienne en matière de négociations commerciales intègre aussi bien les gains potentiels aux quels le pays s’attend que les défis auxquels, le secteur des services devrait faire face. Car, en libéralisant les services, des gains, il y en aura certainement. Ils concerneront notamment l’amélioration de la compétitivité économique et l’augmentation de la valeur ajoutée, le transfert technologique, l’impulsion de la création d’emploi…. Mais encore, la promotion des IDE qui constituent, cela va sans dire, un levier de croissance.

Or, la contribution du secteur des services tunisien dans le commerce mondial et son épanouissement dépendra des meilleures conditions d’accès aux marchés des services, dont le potentiel export est considérable notamment pour les services professionnels et les services fournis aux entreprises. Pour ce faire, un effort sérieux et diligent est à fournir au niveau de l’assouplissement des procédures et des conditions de déplacement et de séjour des fournisseurs de services tunisiens, ainsi que la reconnaissance des diplômes et des qualifications.

Crédit dessin : Plantu

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